Avec Laurent Gbagbo, la Cour pénale internationale joue gros. Dix ans après sa création, la CPI n'a condamné qu'un chef de guerre congolais, le Soudanais Omar El Bechir est toujours insaisissable et de nombreuses voix, souvent proches des palais présidentiels, ne ratent pas une occasion de dénoncer une justice internationale ne visant que des Africains. Autant dire qu'elle ne peut se permettre un faux pas avec le plus célèbre de ses détenus.
Dès cette audience de confirmation des charges, le décor d'un éventuel procès sera planté. D'un côté, Fatou Bensouda, la procureur, devra démontrer la solidité de son dossier d'accusation alors que la partie adverse ne manquera pas de s'insurger contre un procès politique.
L'affaire Laurent Gbagbo est capitale pour l'image et l'avenir de la justice internationale. Elle l'est aussi pour le futur d'une Côte d'Ivoire qui peine à se réconcilier. Pour éviter un procès en partialité, la CPI peut difficilement faire l'économie d'une inculpation dans le camp pro-Ouattara, plusieurs officiers des FRCI ayant été cités dans des rapports des Nations unies. De leur côté, les autorités ivoiriennes veulent reprendre la main sur les affaires judiciaires relatives à la crise postélectorale. Abidjan et la Haye ont aujourd'hui des destins mêlés mais des intentions contraires.