Rue 22, à la Médina. Les pelleteuses de la préfecture viennent de passer devant la boutique d’Abdoulaziz, broyant les toits en tôle, renversant tout sur leur passage. « Ils ont tout gâté », s’emporte, amer, le vendeur de pneus et de pièces détachées, affairé à tenter de sauver ce qui peut l'être encore.
Pas d'autre endroit où aller
Mais à peine chassés, certains vendeurs reviennent. Ismael, vendeur de chaussures à Dakar depuis sept ans, ne le cache pas : pour lui, c’est une question de survie. « On se réinstallera tant qu’il n’y a pas d’autre solution. On n’a pas d’autre endroit où aller », martèle-t-il. Pour lui, les opérations de déguerpissements se sont traduites par des tables cassées et des marchandises dispersées.
Le sous-préfet de Dakar-plateau, Seydou Ba, juge quoiqu’il en soit qu’« il est temps que force revienne à la loi ». Il reconnaît cependant que « la nature ayant horreur du vide », les vendeurs se réinstallent souvent aussi vite qu’ils ont été chassés. « Notre problème est un problème de suivi. On ne peut pas mettre des agents partout », expose-t-il. Mais il n’en a pas moins réaffirmé la « volonté politique de rendre la ville propre, de dégager tout ce qui gêne la circulation ».