Deux des candidats à l’élection présidentielle du 4 mars prochain au Kenya, sont inculpés par la CPI pour leur implication présumée dans les tueries perpétrées lors de la précédente présidentielle, fin 2007. Ces violences ont causé la mort de plus de 1 200 personnes et fait des centaines de milliers de déplacés. L’actuel vice-Premier ministre Uhuru Kenyatta et son colistier, William Ruto - qui figurent parmi les favoris de la prochaine élection - étaient alors dans deux camps opposés.
Lors d’une récente réunion, plusieurs diplomates européens ont rappelé que l’Union européenne (UE) ne soutenait aucun candidat tout en soulignant néanmoins que « quelque soit le président élu, la coopération avec la CPI est d’une importance vitale ». Le procès de Uhuru Kenyatta et son colistier, William Ruto, doit commencer le 10 avril, un peu moins d’un mois avant le premier tour de l’élection présidentielle.
Plusieurs ambassadeurs européens n’ont pas hésité à souligner que la politique constante de l’UE est de limiter les relations avec les personnes inculpées par la CPI qui se résument, dans ce cas, aux « contacts essentiels ». Ces remarques ont fait réagir le ministre kényan des Affaires étrangères, Sam Ongeri qui - après avoir fait part de son « extrême mécontentement » - les a qualifées d’ « incendiaires » et susceptibles de « diviser le pays ». Sam Ongeri a, par ailleurs estimé, que ces déclarations « ont terni l’impartialité de l’UE », un des principaux observateurs du prochain scrutin. Lors de la réunion, les diplomates européens et notamment les représentants français et britanniques, ont, de leur côté, « rejeté toute accusation d’ingérence dans le processus électoral » et « démenti fortement avoir fait des déclarations pouvant inciter à la violence ».
Premier débat télévisé pour la présidentielle
C’est dans ce contexte que s’est tenu, lundi soir, le débat télévisé. Un évènement au Kenya car c’était la première fois, dans l’histoire du pays, que les candidats à la présidentielle participaient à un débat cathodique en direct. Ils étaient huit et avaient chacun deux minutes pour répondre à des questions.
RFI s’est rendu dans un restaurant local de la capitale Nairobi et a recueilli les réactions des téléspectateurs de ce débat qui a été très suivi. Il a d’abord commencé de manière poussive car deux candidats ont été intégrés à la dernière minute. Chacun des huit participants s’est présenté un peu maladroitement et les esprits se sont rapidement échauffés dans la salle quand le journaliste a abordé les questions qui fâchent, notamment celle concernant la Cour pénale internationale, en s’adressant à Uhuru Kenyatta.
Le prochain débat se déroulera dans quinze jours avec, parmi les points abordés, une question très polémique, celle portant sur l’accès à la terre.