« Ce sont des mercenaires venus du Soudan, des wahabbites soutenus par des puissances étrangères qui veulent exploiter notre pétrole », assurait il y a peu un ministre de François Bozizé.
Pour démentir cette accusation et montrer aux yeux du monde qu’ils sont bien des enfants du pays, les rebelles de la Seleka ont déployé un drapeau centrafricain à la première barrière marquant l’entrée de leur territoire.
Le colonel Christian Djouma Narkoyo affirme haut et fort que le seul agenda de cette alliance, née il y a 40 jours, est national. Et qu’il n’y a pas d’islamistes dans ses rangs : « Hier, on nous traitait d’islamistes et de wahabbistes pour la simple raison que l’islam est entré par le Nord et que l’on est à 90% des musulmans. Ce que je sais, c’est que je suis Centrafricain, on est tous des Centrafricains, il n’y a pas de raison de traiter l’un de nous d’étranger. »
L’attitude sur le terrain des combattants confirme cette affirmation. Ceux-ci sont plus souvent préoccupés par l’idée de taxer une cigarette au visiteur de passage que de prêcher une lecture rigoriste du Coran. Aujourd’hui, si la Seleka est composée de diverses rébellions actives au nord du pays, d’anciens militaires mécontents ou de jeunes engagés de la dernière minute, dans les localités de Damara, Sibut, Grimari et Bambari, la quasi-totalité de la troupe est issue de l'Union des forces démocratiques pour le rassemblement (UFDR).
Ce n’est donc sûrement pas un hasard si le président, le chef d’état-major, le chef des opérations et le porte-parole de la Seleka proviennent de ce mouvement.
Sur le terrain, les combattants sont équipés de kalachnikov, de fusils de brousse, de lance-roquettes, de mortiers ou bien même de couteaux. Les véhicules tout-terrain surmontés de mitrailleuses sont peu nombreux. Un armement sommaire mais qui s’est révélé suffisant pour mettre l’armée en déroute.