Le regard en alerte derrière ses larges lunettes carrées, Léon Mugesera fouille ses dossiers, prend des notes et n’hésite pas à interrompre le ministère public, qui détaille les cinq chefs d’accusation qui lui sont reprochés.
Parmi eux, l’incitation au génocide, la conspiration et la préparation au génocide, en raison notamment d’un discours prononcé en novembre 1992 devant un millier de sympathisants du parti alors au pouvoir, le Mouvement républicain national pour la démocratie et le développement (MRND) de Juvénal Habyarimana, dont Léon Mugesera était membre.
Trente minutes de harangue pendant laquelle il aurait qualifié les Tutsis de « cafards » et encouragé la foule à les renvoyer en Ethiopie, en les faisant passer par la rivière Nyabarongo. Une rivière dans laquelle deux ans plus tard, pendant le génocide, les Tutsis seront jetés, morts ou vivants.
Et ce discours ne serait pas le seul, selon le parquet. Une accusation immédiatement démentie par l’intéressé. Selon le ministère public, Léon Mugesera ne pouvait ignorer le contexte politique de l’époque, et savait qu'en sa qualité de leader d’opinion et grâce à ses discours accessibles, son message ne pouvait être qu’entendu.