Le Canada expulse Léon Mugesera vers le Rwanda

Le Rwandais Léon Mugusera accusé d’incitation à la haine et au génocide, a été expulsé dans l’après-midi du lundi 23 janvier 2012, du Canada. Une expulsion qui intervient après une véritable saga judicaire devant plusieurs cours de justice qui aura duré une quinzaine d’années. La communauté rwandaise est divisée à son sujet. Certains considérant qu’il doit répondre de ses crimes devant la justice de son pays, d’autres que le procès aurait dû avoir lieu au Canada, car le Rwanda ne serait pas un pays de droit.

Avec notre correspondante à Québec, Pascale Guéricolas

Si l’affaire Léon Mugesera et ses rebondissements judiciaires tiennent en haleine les Québécois depuis trois semaines, les démêlées de cet ancien professeur avec les services de l’immigration durent depuis 15 ans. Les autorités canadiennes reprochent à ce conseiller du défunt président rwandais Habyarimana, d’avoir incité les Hutus à la haine contre les Tutsis lors d’un discours enflammé que Mugesera prononce le 22 novembre 1992.

À Kabaya près de Kigali, il enjoint ses partisans de ne pas se laisser envahir par ceux qu’il qualifie de cancrelats. Quelques jours après, le conseiller politique s’enfuit du Rwanda et trouve refuge au Québec où il a fait ses études de doctorat.

Plusieurs années après son arrivée, l’immigration accuse ce père de cinq enfants d’avoir provoqué des meurtres et incité à la haine avec ce discours qui a été enregistré. Mugesera conteste la traduction du discours, mais il perd en Cour suprême. Le Canada attend cependant pour l’expulser que le Rwanda supprime la peine de mort. Cette expulsion prend finalement effet après que les avocats du quinquagénaire aient épuisé tous les recours possibles et inimaginables, y compris un appel au Comité contre la torture de l’ONU.

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