La décision de l’Assemblée porte sur cinq mille kilomètres de frontières dans le désert. Des frontières qui ne sont pas sécurisées pour l’heure, la décision pour être mise en œuvre implique donc d'importants déploiements de troupes qui n'ont pas encore été annoncés.
Ces fermetures sont assorties d'une autre mesure d'exception. Tout le sud libyen, à savoir les régions de Ghadames, Ghat, Oubari, al-Chati, Sebha, ainsi que les régions toubous de Mourzouk et Koufra dans l'extrême sud-est libyen, sont déclarées « zone militaire fermée ou interdite ».
Dans ces régions, le ministère de la Défense a toute latitude pour mener des opérations afin d’interpeller des trafiquants, des contrebandiers et des groupes armés. L'armée est donc dotée de pouvoirs spéciaux, il est prévu qu'une chaîne de commandement unique soit mise en place avec la nomination prochaine d'un gouverneur militaire dans le Sud.
Un sud libyen objet de convoitises
D’ordinaire, ces mesures sont adoptées en état d'urgence, mais Tripoli ne cite pas d'événements particuliers qui auraient motivés cette décision. Des députés assurent que la décision n'est pas liée avec la tournée la semaine dernière du Premier ministre libyen Ali Zeidan dans les pays concernés par ces mesures.
Des députés contactés par RFI évoquent la détérioration de la situation sécuritaire dans le sud du pays, l'augmentation des trafics d'armes, de drogues, et le convoyage de clandestins.
Au début du mois, un groupe de députés avait boycotté les travaux de l'Assemblée pour protester contre l'inaction du gouvernement face à l'insécurité dans le sud libyen. Depuis plusieurs mois, les autorités dans le sud semblent débordées face aux immigrés clandestins détenus par milliers lorsqu'ils sont interpellés, dans des conditions inhumaines.
Le sud libyen fait l'objet de convoitises. Le contrôle des routes frontalières est source de revenus pour les trafiquants de drogue, d'armes, de produits alimentaires subventionnés, et aussi pour les convoyeurs de clandestins. Un député de Sebha a aussi signalé une recrudescence de groupes armés sans préciser s’il s’agissait de jihadistes ou d’anciens pro-kadhafi, des groupes armés qui traversent les frontières en pick up.
Pour Mohamed el-Menawi, le congrès devait prendre des mesures d’envergure pour lutter contre les infiltrations.« Les gouvernements des pays voisins, assure t-il, comprendront que nous devons prendre des mesures pour nous protéger. Nous ne pouvons pas tolérer ces infiltrations ».