Jacob Zuma, le président controversé

Le président sud-africain, actuel président de l’ANC, paraît en bonne position pour être réélu lors de la conférence du parti, à Bloemfontein du 16 au 20 décembre 2012, malgré tous les scandales qui entachent sa présidence.

Jacob Zuma sait danser. A 70 ans, il n’hésite jamais à se déhancher à la fin d’un meeting ou à entonner un chant révolutionnaire. Et cela le rend populaire.

Il a un parcours assez atypique au sein de l’élite de l’ANC. Fils d’un policier et d’une domestique, il a grandi en milieu rural. Son père est mort quand il était très jeune et il a dû garder les vaches et multiplier les petits boulots quand d’autres allaient à l’école. Il fait partie des exilés de l’ANC du temps de la lutte contre l’apartheid et il a été chef des renseignements du mouvement de libération.

Il est Zulu, fier de l’être. C’est un conservateur, polygame. Il a aujourd’hui 4 épouses, des concubines et on lui connaît 21 enfants.

Son ascension en politique commence lorsqu’il devient le vice-président de Thabo Mbeki en 1999. Mais Jacob Zuma a toujours été un homme controversé. Depuis une dizaine d’années, les accusations contre lui se multiplient : corruption, abus de pouvoir et même viol.

Ce qui ne l'a pas empêché de prendre la tête de l’ANC en 2007, puis de devenir président de l’Afrique du Sud. Entretemps, la justice a abandonné, mais pas enterré, les poursuites pour corruption, et un tribunal l’a blanchi des accusations de viol.

Mais les scandales continuent et alors que l’Afrique du Sud est l’un des pays les plus inégalitaires au monde, que le taux de chômage dépasse officiellement les 25%, et que les questions du logement et de l’accès à l’eau courante et à l’électricité restent les grands défis du pays, la résidence privée de Jacob Zuma à Nkandla, l’un des endroits les plus pauvres du Kwazulu Natal, a été rénovée à grands frais. Au total, 248 millions de rands sud-africains (près de 22 millions d’euros) dépensés au frais du contribuable pour officiellement améliorer la sécurité de l’endroit.

Au plan politique, la présidence de Jacob Zuma a été marquée par la tuerie de Marikana, la plus grande tuerie policière depuis la fin de l’apartheid : 34 personnes ont été tuées par la police lors du violent conflit social dans cette mine de platine en août dernier. Aucun responsable policier n’a perdu son poste.

Pour Jacob Zuma, ces événements sont avant tout un signal adressé à l’industrie minière pour qu’elle améliore les conditions de travail, comme il l’a récemment confié au journal britannique The Guardian. « Marikana a été une erreur, ajoute-t-il, et il faut maintenant comprendre d’où vient cette erreur. C’est pour cela qu’une commission d’enquête a été mise en place, c’est le signe que la démocratie fonctionne en Afrique du Sud ».

Malgré tous ces scandales, Jacob Zuma reste le grand favori de la conférence de l’ANC à Bloemfontein et il pourrait bien conserver la présidence du parti au pouvoir.

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