Cheikh Yassine est sans aucun doute une figure qui a marqué la vie politique et religieuse ces 40 dernières années, parce qu’il est le fondateur du mouvement islamiste le plus populaire au Maroc, Justice et bienfaisance ; un mouvement dont personne ne sait combien il a de membres, mais les milliers de personnes qui se déplacent à chaque appel à manifester prouvent clairement son influence. On a pu le voir l’année dernière, en 2011, lorsqu’il a appelé ses disciples à venir rejoindre les contestataires dans la rue pour limiter le pouvoir du roi, dans la foulée du « printemps arabe ».
Abdessalam Yassine occupe également une place centrale sur la scène politique car c’est l’un des derniers farouches opposants à la monarchie et au roi Mohamed VI.
Lorsqu’il fonde son mouvement, non violent, dans les années 1980, c’est pour instaurer un Etat islamique au Maroc, sans monarque. Cheikh Yassine a donc très longtemps été l’ennemi numéro 1 de l’institution royale. Emprisonné deux fois sous Hassan II, puis interné en hôpital psychiatrique après avoir écrit une lettre incendiaire au roi de l’époque, il est placé en résidence surveillé jusqu’en 2000.
Ces dernières années, affaibli et âgé, il s’était fait plus discret. Depuis 2007, ses apparitions publiques étaient extrêmement rares. Mais Cheikh Yassine était toujours le guide spirituel, un père quasiment pour ses disciples. Il décède donc aujourd’hui sans qu’aucun successeur n’ait encore été nommé.