L'homme d'affaires français Michel Thierry Atangana aurait aimé montrer sa minuscule cellule à l'ambassadeur français des droits de l'homme. Mais François Zimeray n'a pas pu obtenir l'autorisation de visiter les lieux. « C'est une affaire qui est très suivie en France, ne serait ce que parce qu'elle concerne un compatriote. Je pense que ma présence ici a valeur de message », a déclaré l'ambassadeur.
Pour ce Franco-Camerounais détenu depuis quinze ans à Yaoundé, le simple fait d'avoir pu s'entretenir avec un émissaire venu de Paris est un motif de satisfaction. C'est ce qu'explique son fils, Eric Atangana, étudiant à Paris : «Pour mon père et moi, c'est vraiment une très bonne nouvelle. C'est le premier signe que la politique française va s'impliquer dans cette affaire ». Et d'ajouter : « Il s'est senti vraiment délaissé par la France. Or, le fait que François Zimeray soit venu au Cameroun, ça lui a fait chaud au cœur et il se sent un peu plus accompagné dans cette situation ».
Et du réconfort, Michel Thierry Atangana en avait bien besoin d'après son fils, depuis qu'il a de nouveau été condamné à vingt ans de prison le mois dernier pour détournement de fonds. Son avocat, Me Remi Barousse, espère lui aussi beaucoup des pressions françaises : « Cette visite, je l'espère, aura une portée sur les autorités politiques camerounaises qui pourraient, par exemple, exercer leur droit de grâce ».
Michel Thierry Atangana a toujours clamé son innocence. Pour ses proches et ses avocats, il paierait en fait sa proximité avec l'ancien ministre Titus Edzoa, un ex-homme fort du régime, arrêté comme lui en 1997 alors qu'il comptait se présenter à la présidentielle contre Paul Biya.