Le procès va recommencer à zéro. Les juges sont apparus au nombre de deux au lieu de trois comme d’habitude, et la présidente du tribunal a expliqué que la magistrate absente venait d’être nommée ailleurs et qu’il fallait donc recomposer la collégialité des juges, ce qui revient donc, en droit, à tout recommencer.
Alors dès l’audience levée, cela a été l’émoi. Les avocats de la défense ont crié au scandale, au déni de justice, au coup bas.
On a vu une scène assez forte : maître Léonard Ndem, ténor du barreau camerounais, fondant en larmes et se faisant consoler par son client Titus Edzoa, lui resté de marbre. Quant à Michel Thierry Atangana, son co-accusé français, il semblait abasourdi.
Les deux hommes sont en détention depuis quinze ans. Ils ont été condamnés en 1997 pour malversations et ce procès en était donc un second intenté contre eux pour des faits similaires : l’instruction avait duré douze ans, le procès presque trois.
Aujourd’hui devant le palais de justice, leur défense et leurs partisans ont crié au procès politique, « au rouleau compresseur judiciaire », pour reprendre une expression devenue classique au Cameroun et qui a trait à ces procès à tiroirs, ces procès fleuves anti-corruption qui concernent des anciens proches du président Biya tombés en disgrâce.
Maître André Léonard Ndem, avocat de Titus Edzoa depuis 15 ans, est l'invité de Christophe Boisbouvier ce jeudi.