La vie est revenue ce jeudi 20 septembre à Marikana. Déjà, vers 7 heures, une longue file de mineurs attendait pour reprendre le travail. On bavarde, on rit. L’heure est au soulagement. La plupart de ces mineurs vont devoir passer une visite médicale et récupérer leur équipement avant de pouvoir descendre sous terre.
L’un des responsables de Lonmin à l’entrée du puits Rowland, l’un des six puits de cette mine de Marikana qui emploie 28 000 personnes, a indiqué qu’ils attendaient environ 4 500 mineurs de retour au travail ce matin.
Sur la route, les bus sont nombreux, ainsi que les taxis collectifs et les voitures. Et si la police est toujours là, le porte-parole des forces de l'ordre ne signale aucun incident. Les mineurs indiquent qu’ils veulent la paix. Ils ont obtenu gain de cause et ils sont souriants.
Contagion
Cette victoire des mineurs de Marikana -ils ont négocié des augmentations de salaire de 11% à 22%- est en fait un précédent pour tout le secteur minier en Afrique du Sud.
Marikana a vécu cinq semaines de conflit très dur avec 46 morts. D'ailleurs, une conseillère locale du Congrès national africain (l’ANC, le parti au pouvoir) a encore été touchée par une balle en caoutchouc le week-end dernier et a succombé à ses blessures.
Ce conflit a finalement aussi commencé à se propager vers d’autres mines sud-africaines où les travailleurs réclament, eux aussi, maintenant des augmentations de salaires.
Mercredi, à la mine d'Anglo American Platinum (Amplats), à Rustenburg, à côté de Marikana, il y a eu de nouveaux incidents. La police a dispersé des manifestants et procédé à des arrestations. Et la direction menace maintenant de licencier tous les ouvriers, en grève depuis une dizaine de jours, qui n'auraient pas repris le travail ce jeudi soir.
Des échauffourées au bidonville de Sondela
Au bidonville de Sondela, juste à côté de cette mine bloquée, on perçoit une certaine tension. Il y a eu des incidents ce jeudi matin. Plusieurs véhicules de police sont entrés dans le bidonville et les habitants racontent que des policiers sont sortis des véhicules les armes à la main. Il y aurait eu des tirs de balles en caoutchouc. Des faits mpossibles à confirmer côté policier : le porte-parole de la police était injoignable. Il est mpossible donc pour l’instant de savoir pourquoi les forces de l’ordre sont intervenues ce matin.
Cela a en tout cas provoqué la colère des habitants qui ont bloqué les routes avec des pierres et brûlé des pneus. Les mineurs en grève n’ont pas prévu, eux, de se réunir aujourd’hui et les négociations doivent se poursuivre mardi prochain.
Plus au sud, à une centaine de kilomètres de là, dans une mine d’or qui appartient à Gold Fields, la grève dure depuis dix jours maintenant et est pour l’instant sans issue. Le secrétaire général de la principale centrale syndicale du pays, la Cosatu, s’est rendu sur place mercredi pour essayer d’aider dans les négociations.