La piste de la vengeance d’al-Quaïda est-elle crédible ? RFI a posé la question à Jean-Pierre Filiu, professeur à Sciences-po Paris et auteur de «La véritable histoire d'al-Qaïda» (éd. Pluriel 2011).
Une revendication prévisible
«Je me trouvais à Benghazi il y a trois mois, raconte Jean-Pierre Filiu, lors d’une première attaque qui heureusement n’avait fait aucun mort, à la roquette, contre la représentation américaine et déjà al-Qaïda essayait de s’associer à cet attentat en le présentant comme des représailles, une vengeance à la mort de son numéro deux, de nationalité libyenne, au printemps dernier.»
Une guerre de communication
«Il est évident qu’al-Qaïda veut amplifier son image médiatique, poursuit Jean-Pierre Filiu, surfer sur la poussée de fièvre de ces derniers jours. Maintenant, concrètement, l’idée que quelqu’un, quelque part au Pakistan ou au Yémen, puisse déclencher une opération de guerre en Libye me paraît peu crédible. Mais c’est l’effet d’écho du monde dans lequel nous vivons.»
Pourquoi est-ce la branche yéménite d’al-Qaïda qui a revendiqué l’attaque ?
«C’est lié à l’évolution heurtée d’al-Qaïda depuis la mort de Ben Laden en mai 2011. Aujourd’hui al-Qaïda est dirigé par Ayman Al-Zawahiri, de nationalité égyptienne, qui n’a recueilli l’allégeance que d’une seule des branches d’al-Qaïda, al-Qaïda au Yémen... la personnalité de Zawahiri peut être soulignée dans les troubles de ces derniers jours, à la fois du fait de cette revendication par les Yéménites qui lui sont fidèles, mais aussi du fait du rôle de son frère Mohammed Al-Zawahiri qui est avéré dans les troubles au Caire contre l’ambassade des Etats-Unis.»