Sur la kasbah de Tunis, ils sont venus par milliers encourager le gouvernement islamiste à purger administration, médias et politiques des ex-partisans de Ben Ali. Un discours souvent dirigé contre l'opposition que les islamistes assimilent volontiers à l'ancien régime.
« Le 14 janvier, on a dit 'assez' au dictateur ; aujourd'hui, on dit 'assez' à cette dictature. On retrouve les mêmes figures partout, dans tous les domaines : au sein des médias de masse, au niveau des hommes de droit. Ils sont maintenant en train de pousser à fond vers une confrontation directe entre les deux forces, une étant révolutionnaire et l'autre contre-révolutionnaire », dénonce ainsi Sami Triki, du bureau jeunesse d'Ennahda.
C'est la nouvelle stratégie d'Ennahda. Accusés sur leur gauche de museler les médias et d'instaurer une nouvelle dictature religieuse, ses responsables agitent le chiffon rouge de la contre-révolution et mobilisent leurs partisans. « Cette opposition est en train d'accueillir les gens qui ont vécu avec l'ancien président Ben Ali. Nous sommes tous là pour dire 'dégage, dégage' à l'ancien régime », explique un manifestant.
A la mi-journée, les slogans ont laissé place à une prière géante menée par un fondateur du parti Ennahda pour clore la manifestation.