Guinée : le contesté président de la commission électorale va quitter son poste

Le président de la Commission nationale électorale indépendante (Ceni) de Guinée, Louceny Camara, a annoncé mercredi 5 septembre qu’il quitterait prochainement ses fonctions, à la faveur d’une réorganisation - en cours - de cette institution chargée d’organiser les prochaines élections législatives. Louceny Camara était contesté par l’opposition qui réclamait son remplacement. Cependant, cette concession est jugée mineure par l’opposition qui est encore loin de vouloir revenir au sein de la Ceni.

« J’ai choisi l’intérêt supérieur de la nation. Ma modeste personne ne saurait être un enjeu de politique nationale », a déclaré Louceny Camara à la télévision d’Etat. C’est en ces termes que le président de la Ceni a mis fin à une polémique qui empoisonne la vie politique guinéenne depuis près de deux ans.

Honni par l’opposition car considéré comme un proche du président Alpha Condé, et défendu par le camp présidentiel, Louceny Camara symbolisait, à lui seul, la guerre pour le contrôle de la Commission électorale.

La Guinée peine à achever son processus de transition vers un régime civil. La tenue des élections législatives, dernière étape du processus de transition, est sans cesse repoussée, pour cause de désaccords entre les camps politiques et de problèmes techniques liés à l’inscription des électeurs. Ce départ du président de la Ceni devrait résoudre la crise, comme l’espère la présidence guinéenne, mais pour l’opposition, ce n’est pas si simple.

Pouvoir et opposition toujours dos à dos

Dans le camp présidentiel, on affirme multiplier les concessions, à savoir la réforme de la Ceni et, maintenant, le départ de Louceny Camara : « deux revendications de l’opposition satisfaites », dit-on dans l’entourage du chef de l’Etat Alpha Condé. Joint par RFI, Kiridi Bangoura, chef de cabinet du président guinéen, considère que désormais, l’opposition n’a plus de raison de bloquer le processus politique.

Pour l’opposition, ce n’est pas aussi simple. Elle considère que ce départ du président de la Ceni est une concession mineure par rapport à ses revendications. Par ailleurs, elle considère également que la réforme de la Ceni est incomplète. L’opposition réclame un vrai paritarisme et non pas un changement d'organigramme. Joint par RFI, Aboubacar Sylla, porte parole de l’ADP, un collectif de partis d’opposition, souligne que, sur le fond, rien n’est résolu.

Le départ de Louceny Camara offrira-t-il aux deux camps, au moins, une occasion de renouer le dialogue ? L’opposition, qui a décidé de ne plus participer au Conseil national de transition (CNT) – qui fait office de Parlement provisoire – et de boycotter les travaux de la Ceni, va-t-elle s'interroger sur sa stratégie ?

Alors que la réforme de la Ceni est en marche, peut-elle rester loin des débats ? Si elle maintient sa stratégie de boycott, celui-ci ne risque-t-il pas de se prolonger et de déboucher, à terme, sur un refus, pur et simple, de participer au processus électoral ?

On saura, dans les prochaines semaines, si cet épisode marquera un tournant ou, au contraire, s’il ne constituera, au final, qu’une péripétie de plus dans la guerre de tranchées qui oppose le président Alpha Condé et ses adversaires politiques. 

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