Non-alignés : l'Afrique veut jouer pleinement son rôle international

Le 16e sommet des non-alignés s'achève ce vendredi 31 août à Téhéran. L'Afrique a saisi l'occasion pour plaider, une nouvelle fois, en faveur d'une meilleure représentation au sein du Conseil de sécurité et des autres instances internationales. Les pays africains, majoritaires dans l’organisation, comptent d'ailleurs désormais sur le Mouvement des non-alignés pour obtenir la réforme en ce sens du système des Nations unies.

Avec notre envoyé spécial à Téhéran, Boniface Vignon

Le Mouvement des non-alignés (MNA) représente 120 pays dont 53 africains, avec des observateurs de poids tels que la Chine et le Brésil. Les pays africains, majoritaires dans l’organisation, comptent désormais sur elle pour exiger les deux sièges permanents au Conseil de sécurité qu’ils réclament depuis le début des réformes du système des Nations unies.

« Les deux tiers des Etats [non alignés] sont membres du système des Nations unies, résume Thomas Boni Yayi, président en exercice de l’Union africaine. Il s’agit d’un mouvement qui représente près de 55% de la population mondiale. Le Conseil de sécurité ? Il faut absolument que les non-alignés reprennent ce dossier et que nous aboutissions à une meilleure répartition des pouvoirs au niveau du Conseil permanent de sécurité. »

De son côté, le président burkinabè Blaise Compaoré ne partage pas la vision de ses pairs africains et plaide plutôt pour l’unité des Etats africains : « Tout cela est secondaire par rapport à l’organisation de la cohésion du continent en termes politiques. Vous vous souvenez, il y a quelques années, lorsque nous étions face à l’embargo contre la Libye qui, pour nous, était injuste en 1998 ? C'est parce qu'elle était unie que l'Afrique a pesé "comme un veto" par rapport à cela et d’autres solutions ont été trouvées plus respectueuses pour [le continent]. Ce qui est important pour l’Afrique, c’est d’abord son unité et sa cohésion. »

A noter également que certains membres du Mouvement des non-alignés, comme le Brésil et l’Inde, sont également candidats pour ces postes permanents au sein d’un Conseil de sécurité réformé.

Deux inconditionnels du sommet

Deux chefs d'Etat africains, Omar el-Béchir et Robert Mugabe, sont des fidèles participants au sommet. Le premier est sous le coup d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) ; le second est dans le collimateur de la communauté internationale. Mais pour rien au monde, ils n’auraient raté ce rendez-vous de Téhéran.

Le président soudanais Omar el-Béchir, quoique décrié dans son pays, continue de narguer la CPI et donne désormais l’impression de ne pas avoir peur de s’afficher publiquement. Pourtant le gouvernement de Khartoum est étranglé financièrement : le pays a perdu 75% de ses recettes pétrolières. Les caisses sont tellement vides que les autorités ont supprimé les subventions au carburant. Malgré la crise qui sévit dans le pays, Omar el-Béchir se pavane à l’extérieur. Il faut dire que ses déplacements sont limités. Dans les rares pays qui l’accueillent encore et à Téhéran, le dirigeant soudanais a pris soin de ne pas croiser Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations unies.

Quant au Zimbabwéen Robert Mugabe, à la tête de son pays depuis 1980, il est dans le collimateur de la communauté internationale. A 90 ans, cet ancien héros de l’indépendance, jadis porteur de tous les espoirs de son peuple, entend s’accrocher au pouvoir jusqu’à sa mort. Malade et fatigué, le « vieux » d’antan n'a raté aucun rendez-vous international auquel il est convié.

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