Mali : tentative d’ouverture du dialogue avec les islamistes du Nord

La « Coalition pour le Mali » qui regroupe des hommes politiques et des représentants de la société civile a présenté, ce mercredi 29 août, à Bamako, les résultats de ses rencontres avec les islamistes qui contrôlent le nord du Mali. Malgré l’optimisme de la Coalition, de possibles négociations s’annoncent d’ores et déjà difficiles.

Les émissaires de la Coalition pour le Mali ont rencontré, ces dernières semaines, des responsables islamistes locaux des mouvements d’Ansar Dine et du Mouvement pour l’unicité du jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao). Des rencontres se sont tenues dans les trois principales villes du nord du pays : Tombouctou, Gao et Kidal. De cette première initiative citoyenne dont l’objectif est de faire avancer le dialogue, il en ressort que, malgré tout, il est possible d’aller dans la région et de parler avec les groupes armés.

Propositions délicates

Les émissaires de la Coalition affirment que leurs interlocuteurs souhaitent un retour des services de l’Etat. Ainsi, Ansar Dine et le Mujao, qui se disent ouverts au dialogue, demandent à Bamako d’assurer les services de base, à savoir l’eau et l’électricité. Ils n’ont toutefois pas parlé de contrepartie et, ne serait-ce que pour cette raison, il est difficile d’imaginer que l’Etat malien puisse cautionner l’occupation de ces groupes armés en alimentant les générateurs.

Pour ce qui est de la charia (loi islamique), les représentants d’Ansar Dine seraient ouverts à son application uniquement dans le nord alors que ceux du Mujao la voudraient partout, au Mali. Là encore, la proposition s’avère délicate. Même si le fait d’appliquer la charia uniquement dans le nord du pays, en considérant que c’est un début pour les négociations, on voit mal comment, le Mali qui est un pays laïque, puisse accepter une application, même partielle, de la loi islamiste sur son territoire.

Reste que la Coalition pour le Mali le reconnaît : ni le MNLA, ni al-Qaïda au Maghreb islamiste (Aqmi) ni les groupes locaux d’auto-défense n’ont été associés à ces premières discussions. Ce mercredi 29 août, les émissaires de la Coalition n’ont fait, finalement, que présenter ce qu’ils ont entendu. Seules les autorités gouvernementales peuvent mener des négociations officielles et c’est, bien entendu, à l’Etat de prendre le relais.

 

La religion au cœur des discussions

Il y a un point qui a marqué tous les émissaires partis dans le nord du Mali. Ils reconnaissent que les questions religieuses ont été au cœur des discussions et que la charia sera, finalement, le centre de toutes les futures négociations.

C’est ce que confirme Oumar Hamaha, chef de guerre d’Aqmi. Joint par RFI, ce djihadiste, qui entretient des liens très étroits avec le Mujao et Ansar Dine, considère que l’Etat malien doit se soumettre à la charia.

Suite à la présentation du travail de la « Coalition pour le Mali », le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) a déclaré qu’il refusait de négocier avec ce groupe qui n’était « pas crédible », selon un des leaders du mouvement. Au sein d’Ansar Dine, on considère que si des négociations doivent s’ouvrir, c’est directement avec l’Etat du Mali, avec l’appui d’une médiation internationale.

Du côté du gouvernement, en l’absence d’un porte-parole qui n’est toujours pas nommé, RFI n’a pas réussi à obtenir une réaction officielle sur cette initiative.
Dans son discours, le 29 juillet dernier, le président par intérim, Dioncounda Traoré, avait annoncé la création d’une « Commission nationale aux négociations » chargée de mener des pourparlers avec les mouvements armés qui occupent le nord du Mali – une commission qui n’a toujours pas vu le jour.

 

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