Tunisie: nouvelles tensions sociales dans la région de Sidi Bouzid

Sidi Bouzid, «berceau de la révolution», est de nouveau en effervescence. C'est dans cette ville que l'immolation de Mohammed Bouazizi, en décembre 2011, avait déclenché le soulèvement à l'origine de la chute de l'ancien régime. Depuis, beaucoup d'habitants sont toujours sans travail et leur colère explose. Jeudi 9 août 2012, une manifestation à l'appel de partis d'opposition a dégénéré.

L'intervention des forces de l'ordre a fait cinq blessés, dont un touché par une balle de caoutchouc et les 4 autres intoxiqués par des gaz lacrymogènes. Des manifestants dont les revendications sont nombreuses. Car les habitants de Sidi Bouzid se sentent délaissés. Depuis la révolution, ils assurent que pour eux rien n’a changé. Au fort taux de chômage dans la région s’ajoutent de nombreux problèmes : retard de paiement des salaires, manque d’équipement et depuis plus d’un mois des coupures d’eau et d’électricité.

Le parti Ennahda a déçu

Les manifestants accusent pêle-mêle le gouvernement, dont ils réclament la chute, et les autorités locales. Ils appellent notamment au limogeage du gouverneur auquel il est reproché de servir seulement les intérêts du parti au pouvoir Ennahda, dont beaucoup déplorent le manque d’action dans la région. Ennahda que certains soupçonnent de se concentrer sur des priorités électorales.

Un local du parti Ennahda et le gouvernorat avaient déjà été attaqués il y a une dizaine de jours lors d’une première manifestation sociale : gaz lacrymogènes et tirs de sommation, à chaque fois les rassemblements ont été violemment dispersés.

Du côté du gouvernement, le ministre de l’Intérieur a réagi. Ali Laaryedh accuse des partis politiques d’être à l’origine des derniers incidents dans le gouvernorat, sans les nommer. Il met en garde contre des pratiques qui, dit-il, pourraient désorganiser l’Etat et fragiliser la démocratie.
 

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