Les 41 ex-miliciens présumés attendaient le 26 juin encore d'être entendus par un juge d'instruction. Selon nos informations, ils n'ont pas été maltraités mais au sein de l'Onuci, Opération des Nations unies pour la Côte d'Ivoire, les conditions de leur extradition suscite un certain malaise.
Personne ne conteste leur appartenance aux milices pro-Gbagbo durant la crise postélectorale, mais d'après plusieurs sources onusiennes, la justice libérienne a pris certaines libertés avec le droit en rendant sa décision.
Tout d'abord, la demande d'extradition ivoirienne n'aurait pas respecté les formes car la requête ne spécifiait ni le nom des personnes concernées, ni les infractions qui leurs sont reprochées. Ensuite, 11 des 41 extradés avaient fait une demande d'asile après leur entrée au Liberia. Mais contrairement aux règles en vigueur, le HCR, Haut commissariat aux réfugiés, a été tenu à l'écart de la procédure judiciaire.
Enfin, l'appel de leurs avocats, qui aurait dû être suspensif, a été totalement ignoré par le tribunal de Zwedru. Dans ces conditions, la justice libérienne, qui pendant près d'un an s'était montrée incapable de juger ces jeunes Ivoiriens, semble avoir pris sa décision pour des motifs politiques et pour donner des gages à son voisin ivoirien.
Selon nos informations, ces ex-miliciens présumés devraient prochainement être inculpés de crimes de sang et d'atteinte à la sureté de l'Etat. Quant au respect scrupuleux du droit, il ne semble pas être une priorité. Mardi, une source judiciaire ivoirienne concédait : « On les voulait. On les a. Peu importe la forme ».