Diplomatiquement, mais fermement, le gouvernement tunisien a justifié sa décision d’extrader Al-Baghdadi al-Mahmoudi. Une prérogative réservée au Premier ministre et non pas au président de la République comme l’affirme le président tunisien Moncef Marzouki. C’est en tout cas l’avis de Samir Dilou, le ministre porte-parole du gouvernement, même si tout est question d’interprétation : « Ce n’est pas une question des Affaires étrangères, c’est une question d’extradition. On a appliqué la loi. Mais pour appliquer la loi, il faut la lire et parfois l’angle de vue change. C’est une question de prérogatives et il faut la poser devant l’Assemblée nationale ».
Justement pour trancher, le président furieux d’avoir appris par voix de presse cette extradition, a saisi l’Assemblée nationale pour transgression de ces prérogatives. Autrefois défenseur des droits de l’homme, Moncef Marzouki s’inquiète du sort réservé à l’ex Premier ministre de Mouammar Kadhafi. Là encore Samir Dilou joue l’apaisement : « On est allé voir sur le terrain. Nos frères libyens nous ont assuré qu’il va être traité selon ls standards internationaux ».
Samir Dilou qui dément toute rumeur de financement en échange de cette extradition. Question de logique selon lui, la Tunisie qui demande l’extradition de Ben Ali ne pouvait refuser celle de Mahmoudi : « On demande d’extradition de nos responsables qui sont en fuite partout dans le monde, notre position serait plus forte si on agit de la même façon avec ceux qui demandent l’extradition de leurs propres criminels ».
Hier, le gouvernement tunisien a reçu le soutien de son autre allié de centre-gauche. Par communiqué, le Forum démocratique pour le travail et les libertés (Ettakatol) juge légale et légitime l’extradition de Al-Baghdadi al-Mahmoudi, isolant un peu plus le président Marzouki.