Boko Haram a accepté de négocier avec les autorités par mon intermédiaire. Voilà ce que Sheikh Dahiru Usman Bauchi annonçait sur RFI il y a quelques jours. Mais depuis, il y a eu deux dimanches sanglants, marqués par des attentats de la secte islamiste contre des églises du nord du Nigeria.
Ayo Olukotun, professeur de science politique à Ibadan, n'est pas surpris : « La négociation et l'escalade de la violence ne sont pas incompatibles. S'il y a effectivement négociation, il se peut que Boko Haram renforce ses activités pour être en position de force. On ne négocie pas à genoux ».
Et d'ajouter que ces attentats ne sont peut-être pas le fait de ceux qui au sein de Boko Haram auraient accepté le dialogue avec les autorités, car Boko Haram n'est pas monolithique. C'est ce que souligne aussi Michel Luntumbué, du Groupe de recherche et d'information sur la paix et la sécurité, basé en Belgique :
« C’est un mouvement plutôt fragmenté qui actuellement voit se développer des actions autonomes, des cellules très locales qui agissent, qui n’obéissent pas nécessairement à une hiérarchie de type linéaire ».
Difficile d'ailleurs de savoir si les éléments de Boko Haram censés avoir accepté de discuter sont réellement représentatifs.
Ce qui est sûr, c'est que la société civile au Nigeria réclame ce dialogue de façon de plus en plus pressante, et pour les observateurs, la condition de sa réussite, c'est qu'il s'attaque aux problèmes de fond qui ont fait naître la secte islamiste, c'est-à-dire, le contentieux sur la gouvernance entre le nord et le sud du Nigeria, et la pauvreté.