Pour les défenseurs burkinabé des droits de l'homme, il ne fait guère de doute que cette amnistie n'est votée que pour le président Blaise Compaoré, ses deux prédécesseurs ne sont cités dans aucun dossier. En revanche, sur l'opportunité de cette mesure d'amnistie, les avis divergent.
Le Mouvement burkinabé de défense des droits de l'Homme et des peuples s'insurge : « cette amnistie consacre l'impunité car elle met un point final à toute procédure judiciaire », déclare Ali Sanou. Le secrétaire général MBDHP ajoute : « on ne saura jamais la vérité notamment sur la mort de l'ancien président Thomas Sankara ».
D'autres organisations préfèrent une approche plus pragmatique. Pour Mathias Tankoano de la Raddho (Rencontre africaine pour la défense des droits de l'Homme)par exemple, « il n'est pas forcément inutile de donner des garanties au président Blaise Compaoré afin qu'il renonce une fois pour toute au projet de modifier l'article 37 de la Constitution et qu'il accepte de quitter le pouvoir à l'issue de son mandat en 2015 ».
Pour le porte-parole du gouvernement, Alain Edouard Traoré, « il ne faut pas polémiquer pour le plaisir puisque aucune procédure n'est engagée contre le chef de l'Etat ». Cette amnistie est, selon lui, le résultat d'une décision consensuelle des assises nationales et émane du simple désir de regarder vers l'avenir.