L'expérience a été menée dans de nombreux pays, notamment en Afrique du Sud, au Maroc, au Pérou ou encore en Pologne. Après des années d'impunité, les victimes ont besoin d'entendre la vérité. Elles demandent la création d'une instance indépendante pour juger les responsables de l'ancien régime de Ben Ali.
Selon Sihem Ben Sedrine est présidente du Centre de Tunisie pour la justice transitionnelle, « ce sera une instance indépendante, créée par des textes, qui serait gérée par des personnalités intègres et indépendantes au-dessus de tout soupçon. Et l’objectif final de la justice transitionnelle est de parvenir à ce que cela n'arrive plus jamais. Il ne peut pas y avoir de réconciliation sans qu’il y ait un processus pour rendre compte, parce que si je vous dis, "on est bons amis et on va se réconcilier", mais qu’à aucun moment, vous n’avez dit "oui, j’ai fait une erreur", il n’y aura pas de réconciliation. Cela fait quand même un an et demi qu’on a fait la révolution, et rien sur les crimes du passé n’a été révélé. Rien. »
Le principe est acquis, un ministère des Droits de l’homme et de la justice transitionnelle a même été crée, mais la mise en oeuvre de cette justice transitionnelle doit encore être discutée, dans les différentes régions, dans les différents secteurs. Et plus le temps passe, plus les citoyens perdent confiance. La société civile s'inquiète aussi de la protection des archives, essentielles pour identifier les responsables d'exactions. Une partie a déjà été perdue, ou détruite, depuis la révolution.