L'affaire est digne d'un roman policier. Elle commence mercredi dernier lorsqu'une délégation de la Cour pénale internationale se rend en Libye. Sa mission : rencontrer Seif al-Islam Kadhafi, notamment pour discuter avec lui de l'option de désigner un avocat de son propre choix.
Actuellement, le fils du colonel Kadhafi est représenté par Xavier-Jean Keïta, chef du Bureau du conseil public pour la défense et désigné d'office par la Cour. Il est assisté par l'avocate australienne Melinda Taylor comme co-conseil.
Mais tôt jeudi matin, leur mission tourne au vinaigre. Le représentant à la CPI de la Libye, Ahmed al-Jehani, annonce à Tripoli que l'avocate australienne est arrêtée pour avoir tenté de remettre à son client des documents qui « représentent un danger pour la sécurité de la Libye ».
Quelques heures plus tard, le commandant de la brigade de Zenten où est détenu le fils du colonel Kadhafi confirmait qu'une « infraction à la sécurité » avait eu lieu pendant la visite et que l'avocate était détenue pour les besoins de l'enquête. En fait, il s'agit d'un bras de fer entre la Libye et la CPI qui se disputent le droit de juger le fils du colonel Kadhafi visé par un mandat d'arrêt de la CPI pour crimes contre l'humanité.
Hier samedi, dans un communiqué, le président de la CPI a exigé « la libération immédiate de tous les membres du personnel détenus », et ajouté « Nous sommes très préoccupés par la question de la sûreté de notre personnel, en l'absence de tout contact avec eux ».