Le Malawi, petit pays d’Afrique australe, a décidé de tenir tête à l’Union africaine. Sa présidente, Joyce Banda, est inflexible : si le président soudanais Omar el-Béchir pose le pied sur le territoire du Malawi, il sera arrêté. Le Malawi, qui a signé le Traité de Rome qui instaure la Cour pénale internationale (CPI), ne veut pas se mettre en porte-à-faux avec la justice internationale.
Plus largement, depuis son arrivée au pouvoir, il y a deux mois, Joyce Banda s’emploie à se réconcilier avec la communauté internationale, et avec les bailleurs de fonds, soutiens indispensables à l’économie du pays. L'an passé pour avoir justement accueilli Omar el-Béchir, l'ancien chef d'Etat du Malawi, Bingu wa Mutharika, aujourd’hui décédé, avait subi les foudres de certains partenaires. Une agence américaine avait refusé, par exemple, de financer un programme d'électrification du pays, d'un montant de 350 millions de dollars.
Si organiser un sommet de l’Union africaine veut dire inviter tous les chefs d’Etats membres de l’organisation, alors le Malawi préfère renoncer comme l’a expliqué vendredi le vice-président Khumbo Kachali. Quant à la CPI, elle, avait menacé le Malawi pour avoir refusé d'arrêter le président soudanais comme l'y oblige le Traité de Rome. Et entre les deux pressions, le Malawi a choisi de se libérer de la moins lourde, celle de l'Union africaine.
Face à cette fermeté, plutôt rare, d'un pays africain, Fadi El Abdallah, porte-parole de la CPI, n'y voit que le respect des obligations juridiques internationales d'un Etat, étant partie d'un traité international.
Il faut également dire que la nouvelle présidente du Malawi, Joyce Banda, est sous pression. A un mois du sommet de l'UA, la capitale Lilongwe n'est pas prête. En dépit d'un vaste programme de modernisation de ses infrastructures, celles-ci sont largement insuffisantes.
Ce sommet de l'UA devrait probablement se tenir en Ethiopie. C’est donc à Addis-Abeba que pourrait avoir lieu l’élection du prochain président de la commission de l’Union africaine, pas sur les terres de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC).
L’Afrique du Sud présente une candidate soutenue par la SADC pour ce poste, Nkosazana Dlamini-Zuma, face au sortant Jean Ping. Hier, en milieu de journée, le porte-parole du ministère sud-africain des Affaires étrangères refusait de commenter les déclarations du Malawi.