Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde
Un rhinocéros et un soigneur sud-africain : l'affiche contraste avec le bleu du « cube d'eau », la piscine olympique où se tient la conférence de presse à Pékin. « Les rhinocéros ont besoin de votre aide », dit le slogan. Dans la salle, un grand monsieur debout, William Fowlds, s'occupe de la protection de ces animaux dans sa ferme en Afrique du Sud. « Je suis optimiste et je crois que nous pourrons changer les mentalités, mais la question est de savoir si nous en aurons le temps ».
Les spécialistes sont inquiets. Pas moins de 210 rhinocéros ont été tués en Afrique du Sud depuis janvier 2012. Une corne se vend entre 250 000 et 500 000 dollars aux millionnaires chinois. « Le problème, ce sont les riches, car depuis 1993 la loi chinoise protège l'espèce, explique Zhang Jingsong. Les riches Chinois manquent d'éducation mais cela évolue, notamment chez les jeunes. Je suis professeur à Tsinghua et quasiment à tous mes cours, je répète à mes étudiants qu'il faut protéger les rhinocéros. »
Les mentalités changent, nous dit cet enseignant dans une université de l'élite à Pékin. Une prise de conscience nécessaire, car les autorités ont bien du mal à empêcher le trafic. « Les douanes de Hong Kong ont saisi 33 cornes en octobre dernier, une goutte d'eau dans l'océan du trafic, explique Peter J. Li, représentant de l'organisation Humane Society International (HSI) à Hong Kong. Les contrebandiers utilisent aussi les ports de Shangai, de Ningbo et de Tianjin. Les contrôles sont donc difficiles à effectuer ».
Difficile de changer les mentalités, notamment chez les plus âgés, qui croient à tort que la corne de rhinocéros a des vertus thérapeutiques. Heureusement, les associations de défense des animaux se développent en Chine. 30 millions de Chinois participeraient aujourd'hui au combat pour la protection des espèces menacées, selon les organisateurs de la conférence.