Debout dans son boubou blanc, Mohamed Lemine Ould Dadde fait face à ses juges. Devant lui, un bureau encombré de dossiers, qu'il tour à tour brandit. Durant les cinq premières minutes, son ton est hésitant. Mais très vite, c'est avec conviction, parfois véhémence, qu'il répond aux questions et justifie sa gestion du Commissariat aux droits de l'homme.
Les échanges sont techniques. On débat du coût réel de la construction d'un puit, d'une tente ou même du mètre de fil barbelé. Car pour l'accusation, les fonds détournés l'ont surtout été par sur-facturation. On lui reproche également de ne pas toujours avoir fait d'appels d'offres ou d'avoir parfois agi sans l'accord de sa commission interministérielle de tutelle.
Ould Dadde nie catégoriquement tout détournement. Il s'attelle à justifier chaque dépense. Il souligne que son rang de ministre lui donnait la prérogative de prendre des décisions, notamment dans des situations d'urgence. Faire un appel d'offre pour la fourniture de tentes pour les victimes des inondations de 2009 par exemple, aurait retardé l'aide de plusieurs semaines, explique-t-il.
Ould Dadde met aussi en cause le chef d'inculpation de détournement de fonds. Selon lui, il suppose un enrichissement personnel. Le doigt pointé vers le procureur, il met le parquet au défi de trouver une quelconque trace de cet enrichissement. Dans la salle comble, plusieurs représentants d'ONG des droits de l'homme. Sans se prononcer sur le fond du dossier, ils rappellent que le délai de détention légal d'Ould Dadde a expiré en septembre dernier. Le juge suspend la séance à 16h. Elle reprendra dimanche 3 juin avec les plaidoiries du parquet et de la défense.