Mali: en l'absence de Dioncounda Traoré, la continuité est assurée

Le président de la transition malienne, Dioncounda Traoré, est actuellement en France pour subir des examens médicaux après son agression lundi 21 mai. Mais le gouvernement se veut rassurant : la continuité de l’Etat est assurée, il n’y a pas de vacance du pouvoir. Et le Premier ministre, Cheick Modibo Diarra, continue à diriger le travail de son gouvernement.

Le porte-parole du gouvernement malien Hamadoun Touré se veut très clair. « Il n’y a pas de vacance du pouvoir », assure-t-il. L’absence du président de la transition Dioncounda Traoré n’est qu’un « empêchement temporaire ». « Dès que le médecin dira qu’il est en état de revenir au Mali, il reviendra assumer ses fonctions de président de la transition », a promis le ministre au micro de RFI.

En attendant, ce départ de Dioncounda Traoré pour la France va-t-il gêner le fonctionnement de l’Etat malien ? Non, soutiennent différentes sources. Un décret signé avant son décollage a déjà permis au Premier ministre de diriger le conseil de mercredi 23 mai à sa place. Le dispositif pourra être reconduit si nécessaire.

Dans ce débat, le professeur en droit et sciences politiques de l’université de Bamako, Mamadou Samaké, insiste pour sa part sur les changements introduits dans la répartition du pouvoir par l’accord-cadre du 6 avril dernier. « On ne peut pas considérer que le président de la transition a les mêmes prérogatives que le président de la République de la Constitution de 92, affirme l'universitaire. L’article 6 de l’accord-cadre dote le Premier ministre et son gouvernement des pleins pouvoirs. Ce qui veut dire que le président de la transition a simplement un rôle protocolaire ».


La Cédéao à la peine

L'incapacité de la Cédéao (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest) à réagir aux derniers soubresauts maliens révèle l'embarras dans lequel se trouve aujourd'hui l'organisation ouest-africaine. Des sanctions qui mettraient le Mali sous embargo ne peuvent être prises pour le moment car officiellement, l'accord signé dimanche par les protagonistes maliens n'a pas été dénoncé.

La Cédéao affiche donc une position d'attente et n'appliquera vraisemblablement les sanctions que si la ligne rouge est franchie, dans le cas par exemple ou le capitaine Sanogo accepterait d'occuper le fauteuil présidentiel comme le lui demandent les groupes d'activistes hostiles à Dioncounda Traoré, ou dans le cas ou le président de la transition se verrait empêché de rentrer pour exercer son mandat.

Reste une inconnue : Dioncounda Traoré mis sous pression depuis des semaines et agressé physiquement lundi dernier peut-il démissionner ? Dans cette hypothèse, la Cédéao subirait un désaveu et l'organisation régionale pourrait en conclure qu'elle est face à un nouveau coup d'Etat à Bamako.

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