Lors de son investiture, Rui Duarte Barros a promis qu’il « n’y aura pas de poursuites » judiciaires contre ceux qui ont été renversés par le coup d'Etat du 12 avril, ni contre leurs partisans. « Nous allons garantir la sécurité pour tous et il n'y aura aucune poursuite, car ce pays nous appartient à tous », a-t-il déclaré. Le nouveau Premier ministre s'est également prononcé sur l'isolement international du pays qu'il considère « relatif ».
Dès l’annonce de la nomination du nouveau Premier ministre de transition, Carlos Gomes Junior ainsi que l’ex-président par intérim, Raimundo Pereira - tous deux se trouvant au Portugal - ont aussitôt refusé de le reconnaître. « Nous exigeons le retour à l’ordre constitutionnel. Je suis le Premier ministre légitimement élu », a déclaré Carlos Gomes Junior.
Le Portugal lance une vigoureuse attaque contre les narcotrafiquants et les militaires
Accueilli mercredi 16 mai à Lisbonne par le chef de gouvernement et le président du Portugal, Carlos Gomes Junior a démontré qu’il bénéficiait toujours d’appuis solides qui se sont à nouveau confirmés ce jeudi 17 mai.
Par la voix du ministre portugais des Affaires étrangères, Paulo Portas, le Portugal a lancé une vigoureuse attaque contre les narcotrafiquants et les militaires qu’il accuse de collusion et d’avoir fomenté le coup d’Etat du 12 avril. « Toutes les informations dont dispose le Portugal montrent clairement qu’à l’origine de ce coup d’Etat figure aussi le narcotrafic », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse, à Lisbonne, en présence de Carlos Gomes Junior.
Le ministre portugais des Affaires étrangères a notamment mis en cause le pouvoir militaire en ajoutant « soit la Guinée-Bissau a réuni les conditions pour être un Etat de droit, soit la Guinée-Bissau se maintient séquestrée face à un certain pouvoir militaire qui est perméable au narcotrafic ».
Faire vite
L’offensive diplomatique, venue de Lisbonne, a regonflé le moral du PAIGC (Parti africain pour l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert), le parti de Carlos Gomes Junior, entré résolument dans l’opposition. Les dirigeants de la transition ont ainsi été prévenus qu'ils ne bénéficieraient d’aucune indulgence de leur ancien colonisateur qui n’a pas digéré l’éviction de Carlos Gomes Junior. Sur le plan intérieur, le PAIGC, regonflé par les propos de son leader, s’oppose, quant à lui, par tous les moyens, au nouveau régime de transition.
Ainsi, face au PAIGC et à ses responsables en exil, le nouveau pouvoir a décidé d’aller vite. Le gouvernement sera à pied d’œuvre dès lundi prochain. C’est ce qu’a annoncé le porte-parole de la junte, le lieutenant-colonelDaba Na Walna qui a également rappelé les grands axes de la mission du nouveau Premier ministre : réformer le secteur de la Défense, lutter contre le narcotrafic, revoir la loi électorale, relancer l’économie et combattre l’évasion fiscale. Une barque bien chargée pour un homme qui doit affronter une transition d’un an qui s’annonce houleuse.