Vote aux élections législatives en Algérie sur fond de grèves

La campagne officielle pour les législatives est terminée depuis hier minuit en Algérie. Le vote aura lieu jeudi 10 mai. Cette campagne n'a pas vraiment suscité l'enthousiasme des Algériens. Mais elle a été très agitée sur le front social, avec de nombreuses grèves dans le secteur public, des sit-in de protestation devant des ministères. Dimanche 6 mai, c'était les enseignants qui tenaient un rassemblement devant le siège de leur syndicat près de la place du 1er mai à Alger. Un rassemblement sous haute surveillance policière.

Il y a eu les greffiers, les travailleurs communaux, les médecins hospitaliers. Ces dernières semaines, le secteur public est miné par les grèves. Mais malgré leur nombre, ces mouvements n’ont pas ébranlé la campagne. Aucun parti politique ne les a évoqués dans leurs discours.

« Nous n'attendons rien des partis politiques mais plutôt des pouvoirs publics, et à leur tête le président de la République. Parce que nous sommes sûrs que les dossiers les plus importants sont ouverts par le président sur la pression des syndicats », affirme Sadek Dziri, président d'un syndicat d'enseignants en grève depuis deux semaines pour réclamer la révision de leur statut professionnel.

Cette situation illustre bien la déconnexion entre la société civile et la classe politique.  Docteur Lyes Merabet est le président du Syndicat des praticiens de la santé publique (Snpsp). Eux, sont en grève à partir d’aujourd’hui. « On dépose des préavis de grève, explique-t-il. A chaque fois, on nous informe qu’au niveau du côté du ministère de la Santé, on serait en possession de la décision de justice, qui remettrait en cause la légalité du mouvement de grève, avec pour conséquences : des ponctions sur salaire, des réquisitions, des menaces de retrait d’agrément pour des syndicats que nous sommes. Donc, on est malheureusement sur une démarche orientée, et avec beaucoup de mépris en plus ».

Face à ces mouvements, le pouvoir a effectivement choisi la manière forte, et surtout le boycott médiatique. La radio et la télévision d’Etat n’ont pas dit un mot sur ce climat social agité. Il faut faire croire que tout va bien, que les Algériens sont satisfaits du bilan du pouvoir et qu’ils iront voter avec sérénité le 10 mai.

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