L'état de guerre ouverte n'est pas officiellement décrété mais aucun des deux Soudans ne fait le moindre geste pour enrayer l'escalade. Vendredi, l'aviation de Khartoum a poursuivi ses bombardements sur Bentiu, l'un des centres pétroliers du Sud. De leur côté, les forces armées sudistes n'ont toujours pas quitté les positions qu'elles occupent depuis mardi à Heglig.
Selon Riek Machar, le vice-président du Soudan du Sud, ses soldats ont repoussé vendredi soir une contre-offensive de l'armée nordiste dans la zone. Pour Khartoum, la reconquête de ce territoire est capitale car c'est ici que se trouvent l'essentiel de ses dernières réserves de pétrole brut. Le chef de la diplomatie soudanaise l'a d'ailleurs clairement fait savoir vendredi à Ban Ki-moon lors d'un entretien téléphonique. Pour Ali Karti, son pays n'a d'autre choix que de riposter à l'agression venue du Sud.
Dans l'autre camp, en multipliant les fronts tout le long de la frontière disputée entre les deux Etats et en coupant le robinet de l'approvisionnement pétrolier, Juba semble engagé dans une stratégie d'épuisement du pouvoir nordiste.
Pour l'heure, aucun bilan des combats n'a été communiqué mais un photographe de l'AFP a vu vendredi une centaine de soldats blessés soignés à Khartoum. Plus tôt dans la semaine, un militaire sud-soudanais avait lui déclaré qu'il y avait « tant de morts sur la ligne de front » qu'il était impossible de les enterrer ou de les ramener.