Les heurts ont commencé dès 10 heures du matin sur l’avenue Bourguiba. Depuis le 28 mars les rassemblements sont interdits sur l’artère centrale de Tunis, symbole de la contestation depuis la révolution de 2011.
Les forces de l’ordre ont dispersé des centaines de manifestants à coup de gaz lacrymogènes. Il y a eu ensuite plusieurs heures d’affrontements, parfois violents, comme le raconte cette militante du mouvement citoyen Kolna Tounès : « Si après la révolution on se fait matraquer parce que nous appelons à la liberté, ça veut dire que nous sommes dans une contre-révolution. On nous a interdit l’accès à l’avenue Bourguiba. Nous considérons que c’est une mesure qui n’est pas du tout démocratique. Nous n’avons jamais commis de violences. On ne peut pas nous interdire de marcher dans les rues de notre pays. »
«Dégage»
L’appel à manifester avait été lancé par les familles des martyrs de la révolution, à l’occasion de la Journée des martyrs, mais le mot d’ordre lancé par des partis de gauche et des organisations de la société civile était bien large.
Autre témoignage, celui de ce Tunisien, venu de Sousse : « On a commis une grave erreur par le passé en gardant le silence face aux dépassements de Ben Ali et maintenant on a décidé de ne plus refaire cette erreur. Le régime s’installe et se rigidifie. On est là pour leur montrer qu’on surveille, qu’on garde un œil sur le pouvoir. »
Les manifestants, parmi lesquels de nombreux militants des partis d’opposition, ont demandé la chute du régime et scandé le fameux «dégage», slogan phare de la révolution.