Avec notre envoyée spéciale à Bangui,
Un vendeur de journaux : « Ils sont tous les journaux de la presse privée, sans exception ».
RFI : « Est-ce que je peux acheter Le Démocrate » ?
Le vendeur : « Il n’y a pas de Démocrate. Le Démocrate ne paraît pas en ce moment ».
Le 26 janvier dernier, Le Démocrate a été suspendu pour un an. Son directeur Ferdinand Samba est en prison. Le journaliste a été condamné pour une série d’articles mettant en cause le puissant ministre des Finances, Sylvain Ndoutingaye. Il doit en outre verser 10 millions de francs CFA d’amende, 15 000 euros.
Maka Gbossokoto, président du groupement des éditeurs de la presse privée, s’inquiète pour la liberté de la presse en Centrafrique. « On ne peut pas dépénaliser les délits de presse et jeter les journalistes en prison, annonce Maka Gbossokoto. On ne peut pas, en même temps, fermer le journal, demander des millions à un journaliste… C’était trop ! Vraiment, c’était trop ! C’est un signe de durcissement. Ce n’est pas anodin. Et d’ailleurs c’est symptomatique. Les journalistes, à l’heure actuelle, subissent beaucoup de pressions. C’est malheureux ».
Pour le ministre de la Justice, Firmin Féindiro, la peine n’est pas exagérée. Les journalistes doivent comprendre le message.
« C’est vrai que la place d’un journaliste n’est pas en prison, mais cela ne donne pas le droit à un journaliste de dire n’importe quoi et sans preuve, affirme Firmin Féindiro. Ferdinand Samba a porté des accusations très graves contre Monsieur Sylvain Ndoutingaye, des accusations qui ont été montées de toutes pièces. Le but ici, c’est de moraliser, de discipliner un peu ».
Ferdinand Samba a fait appel du jugement. En attendant, il reste en prison.