Les autorités congolaises interpellées sur la lenteur des mesures d'aide aux victimes

Le gouvernement congolais a annoncé devant l'Assemblée nationale réunie ce 8 mars 2012, une batterie de mesures en faveur des sinistrés, après l'explosion du dépôt de munitions de Mpila. Les autorités vont prendre en charge l'enterrement des victimes dont les obsèques seront célébrées ce dimanche. Une enquête a commencé sur l'origine de l'accident. Le ministère de la Santé va multiplier les actions 13 800 personnes vivent aujourd'hui dans les centres d'accueil et les besoins sont importants.

L’odeur infecte des latrines du camp de la cathédrale de Brazzaville coupe la respiration. Malgré l’aide, la nourriture, les médicaments, les mines sont fermées.

Magali, 31 ans, quatre enfants, est arrivée sans rien : « Moi-même, j’ai mal à la tête, j’ai mal à la tête, j’ai mal à la tête ! Je ne comprends pas. Vraiment c’est traumatisant. Qu’ils nous aident pour l’avenir de nous et de nos enfants. Surtout de nos enfants, qu’on nous aide ! ».

4 500 personnes vivent dans ce camp. Antoine et sa famille restent dehors, il n’y a plus de place dans les tentes. Il ne voit plus comment s’en sortir : « Voir les gens dormir comme ça, je ne peux pas... Je demande à Dieu, pourquoi ça ? Ca me fait pleurer ».

A l’entrée du camp Cathédrale, les files d’attente grossissent à vue d’œil. C’est l’heure du repas du soir. Ahmed a attendu, sa gamelle de riz sur les genoux. Il n’a pas faim : « Ce que je demande, c’est que les gens d’ici, les responsables d’ici, puissent avoir de la compassion pour ceux qui sont sinistrés. Qu’on les traite comme des hommes, pas comme des animaux ».

Malgré l’heure tardive, les enfants restent éveillés. Laure a 8 ans. Sa mère l’appelle, mais elle ne veut pas se coucher : « J’ai peur de dormir. J’étais en train de rêver que mon père et ma mère sont morts... et mes frères. C'est comme ça que j'étais en train de rêver ».

Un tas de sable s’est transformé en terrain de jeux, Laure file avec ses copines retrouver un peu de ses rêves d’enfant.

À l'Assemblée nationale

« En mémoire de nos compatriotes brutalement disparus, je vous prie de bien vouloir vous lever afin d’observer une minute de silence ».

Après ce recueillement solennel, les députés se sont écharpés pendant un bon quart d’heure.

La tradition veut que chaque jeudi, la séance soit consacrée à la question au gouvernement. Mais l’opposition souhaitait une interpellation des autorités sur le drame de dimanche. Au final, le ministre du Plan, Pierre Moussa, a apaisé les esprits en annonçant nombre de mesures pour gérer la crise : « Le gouvernement rendra publics les résultats de l’enquête [sur le dépôt de munitions et son explosion, NDLR] et en tirera toutes les conséquences. Tout est mis en œuvre afin que la question du dédommagement se règle dans des délais raisonnables ».

Pour l’opposant, Patrice Kadia, député de Union panafricaine pour la démocratie sociale (UPDS), le gouvernement doit être plus clair : « Devant un drame, on ne joue pas des rôles. On pose des actes. Quand les armes ont crépité, les hommes sont morts, les hommes sont blessés. Et quand il s’agit d’amener les médicaments, il n’y en a pas eu. On n‘a pas vu la richesse dans les médicaments, on a vu la richesse dans les banques ».

Loin des querelles politiques, les autorités doivent engager dès que possible le déminage du quartier de Mpila et préparer les obsèques nationales des 200 victimes qui se tiendront ce 11 mars.

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