Kenya: lancement des travaux d'un port aussi gigantesque que décrié

Le président kényan, le Premier ministre éthiopien et le président du Soudan du Sud se sont réunis ce vendredi 2 mars 2012 au Kenya, pour y donner le coup d'envoi officiel de la construction d'un nouveau port en eaux profondes sur l'océan Indien. Le chantier, qui est censé coûter 18 milliards d'euros, se veut gigantesque, avec la construction de 32 quais, d'une autoroute, d'une voie de chemin de fer et d'un oléoduc pour relier le port à l'Ethiopie et au Soudan du Sud. Mais c'est un projet controversé, à quelques kilomètres seulement de l'île paradisiaque de Lamu et sa ville classée au patrimoine mondial de l'Unesco.

Le président kényan voit dans ce projet de port près de Lamu un pas de géant pour fournir des opportunités de développement. Mwai Kibaki l'a dit vendredi à la cérémonie sensée lancer les travaux. Il espère des créations d'emploi et de la croissance dans cette région isolée et inexploitée.

L'Ethiopie, elle, rêve d'un nouvel accès à la mer pour commercer au delà du port de Djibouti. Quant au Soudan du Sud, il cherche une autre voie que celle du Soudan pour exporter son pétrole.

« On imagine les dégâts »

Mais à Lamu, joyau de la culture swahilie reconnu par l'Unesco, 200 personnes ont manifesté cette semaine contre ce projet. Elles craignent que les populations locales se voient privées de leurs terres ancestrales, et s'inquiètent pour l'environnement.

« Avec les vagues des énormes bateaux qui vont passer, ils vont détruire beaucoup, redoute Christina, une hôtelière suédoise. Ils vont aussi faire une raffinerie de pétrole. L'idée, c'est de construire une ville nouvelle de Lamu de deux millions d'habitants non loin d'ici. On imagine les dégâts ».

Question de sécurité

Le gouvernement kényan a déjà lancé un appel d'offres pour la première phase de construction du port. Il compte sur la BAD, la Banque mondiale et la Chine, notamment, pour financer les travaux.

D'après nos informations, les chancelleries occidentales sont sceptiques sur ce projet, dont le coût total est estimé à 18 milliards d'euros. Certaines estiment qu'il aurait mieux valu développer le port qui existe déjà plus au sud, à Mombassa, le rendre plus efficace pour réduire les délais d'attente, rénover enfin la ligne de chemin de fer qui relie Mombassa à Nairobi.

Sans compter qu'à Lamu, des questions de sécurité se posent : le chaos somalien n'est qu'à une centaine de kilomètres de là.

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