Cent vingt-huit éléphants tués, c’est le bilan officiel des massacres de Bouba Ndjida. Mais le désastre ne devrait pas s’arrêter là. D’après les témoignages, des animaux blessés, désorientés, seraient actuellement en souffrance et promis à une mort certaine.
« Le problème, c'est que les éléphants ont une peau particulière qui ne guérit jamais. Donc s'ils ont une blessure profonde, cette blessure restera à jamais ouverte. Dans quelques semaines, quelques mois, elle s'infectera et les éléphants mourront. Lentement. »
Autre inquiétude majeure pour les spécialistes : le devenir des éléphanteaux qui ont perdu leurs parents sous les balles des braconniers. Cécile Cesler, directrice France et Afrique francophone de la IFAW, le Fonds international pour la protection des animaux : « C’est une question de vie ou de mort pour eux. Dans quelques jours, ils mourront de faim, ils mourront de soif. Donc voilà, nous aurions aimé pouvoir être sur place, évaluer les besoins, et si possible mettre ce plan de sauvetage en place ».
Dans le parc de Bouba Ndjida, l’opération de patrouille menée par l’armée depuis mercredi serait en train de s’achever. En attendant, aucune mission de spécialistes de la faune n’a encore pu se rendre dans le parc pour évaluer les dégâts.
Le temps presse. Paul revient de Bouba Ndjida où il tient l’unique campement de la réserve : « Il y a des éléphants blessés. Toute une nuit durant, un groupe d’éléphants a pleuré. Et puis on peut vraiment parler de pleurer. Le cri d’animaux en détresse, c’est quelque chose de très particulier à entendre et ça ne laisse pas indifférent ».