La place de l'Indépendance a été complètement verrouillée dans l'après-midi du 17 février 2012 par les forces anti-émeutes. Aucun groupe n'a pu y accéder. Les leaders du M23 (le Mouvement du 23 juin) ont eux aussi été stoppés, comme Cheikh Bamba Dieye, l'un des candidats à la présidentielle, qui a été brièvement arrêté. C'est donc dans les rues environnantes, puis dans une partie du quartier du Plateau que la confrontation entre jeunes et policiers anti-émeutes s'est installée.
Le sol a très vite été jonché de pierres, tandis que la police tentait de repousser les manifestants à l'aide de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc. « Il ne faut pas reculer » lançait un jeune à ses amis réfugiés dans l'entrée d'une maison près du marché Sandaga, « il faut leur barrer la route ».
En fin d’après-midi, des gaz lacrymogènes ont été envoyés dans la zaouiya -la mosquée- El Hadj Malick Sy du plateau. L’air y est devenu irrespirable. Les fidèles se sont alors installés sur la chaussée, à quelques mètres de manifestants restés près d'un brasier. La police a tiré d’autres bombes lacrymogènes, dispersant de manière indifférenciée manifestants et croyants. La nouvelle a provoqué une vive émotion au Sénégal et des manifestations ont éclaté à Tivaouane, l'une des villes saintes de la confrérie Tidjane. Certains croyants ont crié à la profanation.
Manifestations à la Médina
A Dakar, les accrochages entre policiers anti-émeutes et manifestants se sont poursuivis tout au long de la soirée. Les manifestants qui étaient au niveau de la mosquée El Hadj Malick Sy et du marché Sandaga ont été dispersés avant 20h30. Mais plus loin, sur l’avenue Blaise Diagne, on trouvait encore en début de soirée, une voiture renversée en flammes, projetant dans le ciel une épaisse colonne de fumée noire, et tous les cent mètres, de plus petits brasiers.
Les jeunes du quartier de la Médina ont longuement poursuivi le jeu de course poursuite avec les GMI, Groupements mobiles d’intervention, la police anti-émeutes. « On veut que Wade parte d’ici, on en a marre » lançait en pleine nuit un jeune manifestant, pierre à la main.
Les escarmouches de la journée ont eu lieu sous le regard de riverains, de badauds, installés à leurs balcons, dans les rues ou sur le toit du marché Sandaga. Une majorité silencieuse dont on se demande bien ce qu’elle pense de cette épreuve de force, et quelle conséquence elle en tirera, le 26 février prochain, dans les urnes.