RDC : violente intervention policière contre des fidèles regroupés dans des églises

La police a réprimé ce jeudi16 février la tentative de « marche des chrétiens à Kinshasa ». La manifestation avait été interdite depuis la veille. Faute de pouvoir défiler dans les rues, les fidèles ont tenté toutefois de se rassembler dans les églises où l’intervention policière a été brutale, comme à Saint-Joseph de Matonge, un quartier populaire proche du centre de Kinshasa.

L’intervention de la police a été particulièrement surprenante et violente dans l’église Saint-Joseph de Matonge, un quartier populaire proche du centre de Kinshasa. Il s’agissait d’un groupe de quelques dizaines de fidèles, pas plus. Une majorité de femmes, des « mamans » comme on les appelle en République démocratique du Congo, qui n’avaient pas fait mouvement sur la voie publique mais étaient devant l’église, entonnant des cantiques quand elles ont été attaquées à coups de grenades lacrymogènes. Il n‘y avait aucun moyen de se protéger pour les gens qui se trouvaient là. Et c’est dans une fumée compacte que les personnes présentes ont pu finalement fuir dans une panique générale, vers l’arrière de l’église.

On reconnaît maintenant en haut lieu que les policiers ont violé les consignes. Un autre incident plus grave s’est produit dans la paroisse Saint-Augustin de Lemba, où selon des témoignages, ce sont des civils et des jeunes armés de bâtons et de pierres qui ont attaqué les fidèles. Un jeune homme a eu la jambe fracturée. Or, au moment où cela s’est passé, la paroisse était encerclée par la police qui a donc manifestement laissé passer les assaillants, comme en témoigne le curé, le père Vincent Tshomba : « Ils ont surgi comme ça brusquement. Ils ont commencé à lancer des pierres et des bouteilles. Vous pouvez remarquer les débris. Nous étions étonnés qu’ils arrivent jusqu’ici pendant qu’il y avait la police tout autour ».

L’église catholique a fait savoir que quatre prêtres et deux religieuses ont été arrêtés ce jeudi 16 février au matin. Et selon les organisations des droits de l’homme, certains d’entre eux ont été libérés hier soir.

En revanche du côté du pouvoir, on dit que l’opposition n’a pas réussi à mobiliser plus de cinq mille personnes dans une capitale de dix millions d’habitants et que, comme le dit un proche de la présidence, « c’est un échec et mat sur toute la ligne ».

Les organisateurs de cette marche n'en restent pas moins déterminés à poursuivre leur mouvement de protestation, comme l’a expliqué l'un d'entre eux, l'abbé Pierre Bosangia.

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