Pour les forces de l'ordre libériennes, c'est un coup de filet d'envergure qui vient d'être réalisé. En procédant à ces arrestations, le gouvernement de Monrovia vient en effet de montrer qu'il ne reste pas les bras croisés.
Mais cette version des faits laisse sceptique une bonne source au sein de l'Onuci (Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire). D'après cette personne, tous les ingrédients d'une manipulation de la police libérienne - qui a besoin de redorer son blason - sont réunis dans cette affaire.
Selon ses renseignements, les soixante-huit Ivoiriens arrêtés travaillaient en fait dans une mine d'or et ont été dénoncés par leur patron, un ex-combattant libérien qui ne voulait pas les payer. « Ils se sont fait pincer alors qu'ils n'avaient pas de quoi tuer une chèvre », raconte cette source.
Quoi qu'il en soit, les activités de certains caciques du régime Gbagbo, qui n’ont pas encore fait le deuil d'une reconquête du pouvoir par les armes, préoccupent les services de sécurité ivoiriens. Selon plusieurs sources, ces irréductibles (essentiellement installés au Ghana) peuvent s'appuyer sur des mercenaires recrutés dans la sous-région. Mais aussi quelques centaines de soldats et de miliciens en exil.
En Côte d'Ivoire, le contact avec des combattants demeurés fidèles à Laurent Gbagbo n'a pas été rompu. Plus étonnant encore, un contact a été noué récemment avec d'anciens proches du sergent-chef IB, restés à Abobo.
D'après un membre haut placé dans l'appareil d'Etat, ces groupes ont les moyens de mener des actions ciblées de déstabilisation. Mais pas de faire vaciller le pouvoir.