Il était récemment basé à Londres : responsable des relations du Mouvement pour la justice et l'égalité, MJE, avec l'étranger. Economiste de formation, Gibril Ibrahim a par le passé été professeur d'université. Et depuis quelques jours, le voici donc à la tête de la principale rébellion du Darfour. Un grand écart qu'il justifie ainsi :
« Mon frère lui-même était médecin, il avait été ministre au niveau régional, donc on n'a pas besoin de faire la guerre pour vivre. Mais on se bat pour la cause de notre peuple, qui n'a pas accès à l'eau potable, aux services de santé, à l'éducation. On n'a rien, et pas seulement au Darfour. Depuis l'indépendance en 1956, une petite clique qui ne représente même pas vraiment le Nord-Soudan, contrôle tout ».
Gibril Ibrahim assure que le MJE va continuer sur la voie tracée par son frère, Khalil Ibrahim. L’objectif est de renverser le régime d'Omar El Béchir, car avec lui, dit-il, il n'y a pas de dialogue possible. Et aux observateurs qui pointent des divisions au sein de sa rébellion, il répond : « Il n'y a pas de risque de désintégration. Au contraire, la mort de notre leader a resserré les liens, le mouvement est plus uni que jamais, plus que jamais prêt à se battre ! En tuant Khalil, ils ont tué le processus de paix », dit encore Gibril Ibrahim, même si le MJE a lui même refusé l'an dernier de signer l'accord de paix de Doha, considérant qu'il ne s'attaquait pas aux problèmes clés du partage des richesses et des violations des droits de l'homme.
Aujourd'hui, le nouveau chef du MJE dit vouloir tendre la main à l'opposition politique et à tous les groupes rebelles à travers le Soudan.