Avec notre envoyée spéciale au Caire
Au Caire, la mobilisation a été très importante. Depuis la veille déjà, des groupes avaient investi la place Tahrir et y avaient dormi. Des cortèges se sont formés ce mercredi 25 janvier 2012 au matin dans différents quartiers de la ville. Les manifestants ont défilé dans les rues hurlant des slogans appelant à réaliser les objectifs de la révolution : du pain, la liberté, la justice sociale, et demandant que justice soit faite aux familles des victimes de la répression. Certains scandaient aussi des slogans hostiles au maréchal Tantaoui et au Conseil supérieur des forces armées, exigeant qu’il remette au plus vite le pouvoir aux civils.
En fin d’après-midi, un obélisque éphémère a été hissé au milieu de la place sous les hurlements de joie de la foule compacte. Une initiative de la coalition de Maspero, des jeunes coptes et musulmans qui ont subi la répression en octobre dernier. Sur cet obélisque figurent les noms de toutes les personnes tuées ou blessées du 25 janvier à décembre 2011.
Des parlementaires récemment élus ont participé à ces marches, ainsi que certains candidats potentiels aux futures élections présidentielles qui devraient se tenir en juin. Aucun incident n’a été signalé, tous souhaitaient que ces rassemblements se déroulent de façon pacifique, y compris le Conseil supérieur des forces armées.
Les Frères musulmans, dont le parti Liberté et Justice a obtenu 47% des voix au Parlement, se sont rassemblés en nombre sur la place Tahrir pour fêter leur succès et leur légitimité après des décennies de répression. Ils ont appelé les Egyptiens à s’en remettre désormais au Parlement, et à éviter les rassemblements dans la rue. De nombreux militants et des familles de victimes ont dormi sur la place et ont décidé de rester y camper jusqu’à vendredi.