Il est difficile de savoir qui est derrière l'assaut d'hier et de savoir qui tient la ville aujourd'hui. On ne sait pas qui contrôle actuellement la base de la brigade du 28-Mai où se sont déroulés les combats. Ce camp serait en tout cas, toujours encerclé par les assaillants.
Mais les témoignages sont rares. Un commerçant interrogé ce mardi 24 janvier dans la matinée affirme : « Ça y est, nous avons mis les rats dehors ». Une terminologie utilisée il y a quelques mois par Kadhafi. Et si le calme semble revenu ce matin, la tension reste forte. Des hommes en armes sont toujours dans les rues.
Des sources sur place indiquent qu'il est complexe de savoir s'il s'agit de partisans des nouvelles autorités ou des anciennes. Les accès à la ville sont fermés. Des thouars, des combattants proches du CNT, sont postés à 70 kilomètres de la cité. Un second check-point est installé à l'entrée de la ville mais là aussi, il est compliqué de savoir qui le dirige.
Bani Walid est donc isolée. Les autorités auraient envoyé des renforts pour reprendre le contrôle de la ville. La seule information confirmée est le bilan des combats d'hier : cinq morts, une trentaine de blessés.
Des versions qui divergent
Un responsable local, retranché dans la base attaquée, parlait hier de militants «pro-Kadhafi » qui scandaient « Allah, Mouammar, la Libye et c'est tout ». Les autorités ont démenti ces informations, elles refusent d'attribuer l'attaque aux partisans de l'ex-Guide. D'après le ministre de l'Intérieur, ces violences sont liées à des querelles internes. « Il n'y a pas de drapeaux verts dans la ville, il n'y a rien qui soit lié à l'ancien régime, a expliqué Faouzi Abdelali, ajoutant : ce différend serait lié aux compensations demandées par les combattants de la révolution ».
Autre version : celle d'un commandant militaire basé dans la ville. D'après lui, les violences ont commencé lorsque les membres de la brigade du 28-Mai, liés au CNT, ont refusé de libérer deux membres de la tribu de Tlatem arrêtés quelques jours plus tôt. Une source proche de cette tribu accuse les pro-Kadhafi d'avoir profité de ce conflit pour lancer l'attaque. Les combats d'hier montrent une fois de plus que Bani Walid reste actuellement un bastion de l'ex-régime de Kadhafi.
Alors qu'il est menacé par une grave crise politique, confronté à d'importantes manifestations à Benghazi, le CNT a désormais une nouvelle tâche sur les bras : stopper ces violences pour éviter un embrassement dans tout le pays.