Une parole libérée, des élections libres, des institutions en pleine rénovation. En un an, la Tunisie a radicalement changé. L'effondrement de la dictature n'a pas laissé place à l'anarchie. La classe politique tunisienne s'est révélée suffisamment solide pour entreprendre une vaste transition qui devrait déboucher dans l'année sur une nouvelle Constitution.
Mais tout n'est pas rose. Les nouveaux dirigeants ont un mal fou à asseoir leur autorité, notamment dans les provinces défavorisées. La crise économique s'est amplifiée, le chômage est massif et l'exaspération est permanente. La corruption, déjà très forte sous l'ancien régime, continue de sévir, s'alarme l’ONG Transparency International.
Les chantiers qui attendent les nouveaux dirigeants sont nombreux. L'assainissement des structures d'Etat est encore un vœu pieux. Que fera-t-on des milliers de policiers qui furent le bras armé du régime Ben Ali ? Au chapitre des libertés civiles, les militants des droits de l'homme s'inquiètent de la poursuite des agressions et des actes de violence. Les dirigeants d'Ennahda, le parti qui dirige le gouvernement, devront clarifier leur position, notamment à propos de la frange islamiste radicale. Une frange qui même un combat idéologique comme l’a montrée l'occupation de la faculté de la Manouba où les filles non voilées sont harcelées. Comme le résume l'avocate Radia Nasraoui, il convient de rester vigilant, car la démocratie et l'Etat de droit sont encore très fragiles ; le combat ne fait que commencer.