A Lagos, la police a tiré des grenades lacrymogènes contre des personnes qui ont incendié des pneus en marge d’une manifestation à laquelle ont participé environ 200 personnes. Les manifestants ont formé des chaînes humaines le long des routes. En marge de ce défilé, un petit groupe d’individus a brûlé des pneus et érigé une barricade au milieu d’une route importante. Ils ont également mis à sac une station de service.
A Kano, les forces de l’ordre ont empêche une manifestation de se réaliser en interpellant les neuf organisateurs qui se préparaient à manifester, avec d’autres contestataires, sur un terrain de sport rebaptisé « place de la liberté ». Les détenus ont été remis en liberté quelques heures après. D’autres manifestations ont eu lieu ailleurs dans Kano dont une, d’environ 200 personnes, près du parlement local.
Les contestataires sont de plus en plus nombreux à s’insurger contre la suppression d’une subvention gouvernementale qui maintenait, jusqu’ici, le prix de l’essence autour de 65 nairas par litre (0,30 euro). Depuis hier, avec la suppression de cette subvention, les prix de l’essence à la pompe ont plus que doublé et grimpé à environ 140 nairas, le litre (0,66 euro).
Les consommateurs sous le choc
La mesure est très impopulaire. Le Nigeria est le pays le plus peuplé d’Afrique et parmi ses 160 millions d’habitants, la majorité vit avec moins de 1,50 euro par jour. Le Nigeria est aussi le premier producteur de pétrole brut sur le continent africain et beaucoup de ses habitants avaient le sentiment que la subvention de l’Etat sur le carburant était le seul bénéfice qu’ils tiraient à vivre dans une puissance pétrolière. Par ailleurs, bon nombre de Nigérians redoutent que l’argent ainsi épargné ne finisse dans les poches de responsables corrompus.
C’est une hausse très importante et les consommateurs sont sous le choc. Contacté par RFI, Babatundé Abiodum Adadédéji, coordinateur général de CEON, une organisation de défense des consommateurs, reconnait qu’il y a de la tension dans l’air.
Le président Goodluck Jonathan a annoncé, dans un communiqué, la création d’une commission chargée de veiller au bon usage des sommes économisées et de dialoguer avec les syndicats et la société civile. Néanmoins et pour l’instant, les syndicats protestent et regrettent précisément le manque de dialogue.
Pour Promise Adewusi, vice-président du Nigeria Labor Congress, la principale centrale syndicale, cette hausse des prix du carburant est tout simplement « inacceptable en l’état ».