L'envoi de SMS fonctionne à nouveau en RDC

Les clients des opérateurs de téléphonie mobile peuvent de nouveau envoyer des messages de type SMS en République démocratique du Congo, après plus de trois semaines de suspension, officiellement au nom du maintien de l’ordre public. Mais la levée des restrictions n'empêche pas les autorités de maintenir un contrôle sévère sur les réseaux de téléphonie, dénoncé notamment par les journalistes. 

Avec notre envoyé spécial à Kinshasa

C’est quasiment jour de fête à Kinshasa. Envoyer un SMS, c’est un geste qui peut paraître anodin, mais en République démocratique du Congo (RDC), c’est quasiment un art de vivre. Et l’information de la réouverture du réseau depuis hier se diffuse à vitesse grand V et forcément par texto.

En RDC, les lignes fixes n’existent pas. Il n’y a que les réseaux de portables et les appels par mobiles coûtent cher. Les messages sont donc la solution la plus prisée pour communiquer à distance.

Le gouvernement avait bloqué les textos le 3 décembre dernier, à la demande du ministère de l’Intérieur, qui affirmait que des messages appelant au pillage circulaient. Pour les autorités il s’agissait d’ « assurer un aboutissement heureux au processus électoral ».

Mais une autre explication circule à Kinshasa : lorsque les résultats officiels de l'élection présidentielle ont commencé à être affichés dans les bureaux de vote, l’Eglise catholique, via un réseau de 30 000 observateurs dans tout le pays, les envoyait dans la capitale pour les compiler. Or, certains de ces résultats étaient différents de ceux diffusés par la commission électorale sur son site Internet. Les observateurs de l’Eglise ont donc été obligés de stopper leur mission.

Des messages toujours sous surveillance

La levée de la suspension est effective mais le réseau de messagerie reste sous surveillance. Le communiqué des autorités est très clair : le gouvernement demande aux opérateurs, de s’investir totalement dans l’identification des abonnés, dans la prise de décision, liée au maintien de l’ordre public. En somme, les opérateurs sont appelés à transmettre aux forces de l’ordre, tout message qui toucherait à la sûreté de l’Etat.

Conséquence, ces obligations entravent le travail des journalistes. L’association « Journaliste en danger » a dressé jeudi un bilan très sombre de la liberté de la presse, depuis le début de cette année d’élection. Pour Tshivis Tshivuadi, le secrétaire général de l’association, l’étau se resserre chaque jour un peu plus autour des médias et se traduit par des menaces. Selon lui, « il y a eu un journaliste tué dans le Nord-Kivu, 42 arrestations, 57 cas d’agression et 43 cas de censure depuis le début de l’année ».

« Journaliste en danger » dénonce aussi le manque de neutralité de l’instance de régulation des médias, et demande donc au chef de l’Etat Joseph Kabila, de dissoudre le Conseil supérieur et de l’audiovisuel et de la communication, pour permettre aux journalistes de travailler librement.

Partager :