Algérie: le débat sur la guerre d'indépendance rebondit à la faveur de la polémique franco-turque

Mohamed Cherif Abbas, le ministre algérien des Anciens combattants algériens a déclaré lundi 26 décembre 2011, que «la demande de criminaliser le colonialisme est une revendication du peuple algérien et le restera tant que la France officielle n’assumera pas sa responsabilité». Pas de commentaire du côté du Quai d’Orsay. En février 2010, un projet de loi pour criminaliser le colonialisme français avait été présenté. Mais il reste pour l’heure dans un tiroir en raison de «considérations diplomatiques et juridiques» selon Abdelaziz Ziari, président de l’Assemblée nationale algérienne.

Après la remarque du Premier ministre turc qui accusait vendredi 23 décembre 2011 la France de «génocide en Algérie», le ministre algérien des Moudjahidines, Mohamed Cherif Abbas, a réouvert ce débat identitaire au nom «des martyrs de la guerre d’indépendance». Un véritable «retour en arrière» selon Michel Sabourdy, de la Fédération nationale des anciens combattants d’Algérie : «Il n’y a pas eu de génocide en Algérie, je pense que c’est clair pour tout le monde. Ce sont des déclarations politiques qui sont autant de gages donnés à la France extrémiste qui existe encore en Algérie, malheureusement. Quand vous pensez que cinquante ans après, on n’est pas capable d’avoir un véritable rapprochement avec l’Algérie, alors qu’il n’a pas fallu quinze ans pour que cela se fasse avec l’Allemagne, il y a quelque chose d’aberrant.»

Pour l’ancien dirigeant du FLN (Front de libération nationale) en France, Ali Haroun, l’Algérie a plus la tête dans la préparation du cinquantième anniversaire du cessez-le-feu de la guerre que dans ce débat identitaire : « En Algérie, au niveau du ministère de la Culture, des ouvrages se préparent, des films ; donc ce n’est pas un événement qui passera inaperçu. Je ne crois pas qu’on va commémorer cet anniversaire,... (en se regardant) comme des chiens de faïence. »

Avec les élections législatives prévues pour le printemps 2012 en Algérie, il reste à savoir si ce type de déclaration peut changer la donne politique.

 

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