Hamadi Jebali sera le vrai chef de la politique tunisienne. C’est lui qui en donnera les principales orientations puisque la mini-Constitution provisoire, tout juste votée par les 217 députés de l’Assemblée constituante, offre des pouvoirs beaucoup plus importants au Premier ministre qu’au président de la République, Moncef Marzouki.
Officiellement nommé ce mercredi, Hamadi Jebali, ingénieur formé en France, ancien journaliste, 62 ans, est un homme qui a passé seize ans dans les prisons de Zine el-Abidine Ben Ali dont dix à l’isolement total. Cet homme va désigner officiellement son équipe gouvernementale, une équipe dont quelques noms commencent à fuiter dans la presse tunisienne et qui sera, bien sûr, à très forte majorité islamiste.
On sait déjà qu’Ennahda conserve les ministères éminemment stratégiques de l’Intérieur, des Affaires étrangères, avec la création également d’un tout nouveau ministère, celui des Droits de l’homme.
Ses deux alliés du centre gauche ne seront pas en reste puisque le Congrès pour la République (CPR) de Moncel Marzouki devrait recevoir le portefeuille de la Réforme administrative. Cette nomination permettra au parti présidentiel de mener la réforme de l’administration héritée de Ben Ali, notamment dans le centre du pays, berceau de la révolution où la colère gronde toujours près d’un an après la révolution.
Et puis, l’autre allié du centre gauche, Ettakatol, devrait détenir un ministère essentiel également, celui des Finances.
Même s’ils sont minoritaires dans cette coalition, les alliés de centre gauche d’Ennahda auront voix au chapitre et pourront pousser au consensus en Tunisie.
Ennahda compte 89 députés au Parlement sur un total de 217. Ses alliés, le Congrès pour la République (CPR) en détient 29 et le Forum démocratique pour le travail et les libertés (FDTL ou Etttakatol) 21 sièges.