Côte d'Ivoire: élections législatives à double enjeu

Les élections législatives ont lieu ce dimanche 11 décembre 2011 en Côte d’Ivoire. Ces premières élections de la présidence d'Alassane Ouattara sont sensées mettre un terme à dix ans de crise politico-militaire, même si elles sont boycottées par le FPI (Front Populaire Ivoirien), parti de l'ancien président Laurent Gbagbo. Les quelques 5,7 millions Ivoiriens inscrits sur la liste qui a servi à la présidentielle de l’année dernière doivent départager 1 182 candidats et choisir les 255 députés du futur Parlement.

De notre correspondant à Abidjan

Le vote commence ce dimanche 11 décembre 2011 à 7H00 locales et se termine à 17H00 dans les quelques 20 000 bureaux répartis à travers le pays. Contrairement au scrutin présidentiel de l’année dernière, aucun Ivoirien ne pourra voter ailleurs que dans le bureau où il est régulièrement inscrit. Par exemple, les 25 000 policiers, gendarmes et militaires déployés pour assurer la sécurité de la journée électorale ne pourront pas voter lors de ces législatives.

Il s’agit d’un scrutin majoritaire à un tour. Le deuxième tour n’est prévu que lorsque pour un siège, deux candidats en compétition arrivés en tête obtiennent le même nombre de voix ; le vote du second tour devant se dérouler huit jours plus tard. Autant dire que statistiquement, les cas d’égalité parfaite en nombre de voix seront extrêmement rares, voire inexistants.

Les résultats provisoires seront donnés dans chaque circonscription par bureau de vote après dépouillement. Tous ces résultats remonteront vers la Commission électorale indépendante. Pour ces législatives, c’est la CEI qui proclamera les résultats provisoires et définitifs, au plus tard dimanche prochain. 

Le rôle du Conseil constitutionnel se limitera au traitement des recours. Enfin, le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU et chef de l’Onuci certifiera chaque étape des résultats. 
 
Un double enjeu pour ces législatives

Le premier enjeu de cette journée électorale est la participation. Sera-t-elle massive comme l’année dernière lors de la présidentielle ? C’est une indication qui sera connue avant les résultats.

Des résultats qui seront très attendus par les états-majors des partis politiques et spécialement les formations qui composent le Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix, le RHDP, qui a porté Alassane Ouattara à la présidence.

Avec le boycott du FPI, le parti de l’ex-président Laurent Gbagbo, clairement opposé aux héritiers de Félix Houphouët–Boigny, c’est une sorte de duel qui va se jouer entre les deux principaux partis du RHDP, pour savoir qui du Rassemblement des républicains, le RDR d’Alassane Ouattara et du Parti démocratique de Côte d’Ivoire, le PDCI d’Henri Konan Bédié, aura le plus grand nombre de sièges.

L’un et l’autre ambitionne de rafler la mise. Le RDR pour permettre au président Ouattara de ne pas dépendre tout au long de son mandat de son principal allié. Le PDCI pour garder son rôle de partenaire indispensable. Mais les deux alliés souhaitent, avec les autres partis du RHDP, gagner la majorité des 255 sièges, convoités aussi par des petites formations politiques et des centaines de candidats indépendants.

Dans quel climat sécuritaire le scrutin doit-il se dérouler ?

Le scrutin se tient après une semaine de campagne ayant fait au moins quatre morts. La Côte d’Ivoire et ses partenaires se sont préparés à réagir en cas de tension. Ce sont 10 000 policiers, 10 000 gendarmes et 5 000 militaires ivoiriens mobilisés pour assurer la sécurité de la journée électorale.

Mais il s’agit de forces de sécurité peu équipées, le pays sort d’une grave crise et il est encore sous embargo. Elles ont récemment reçu un don de véhicules ayant appartenus à la police et à la gendarmerie française. Les 25 000 membres de forces de l'ordre ivoiriennes seront épaulés par 7 000 éléments des casques bleus de l’Onuci qui surveilleront spécialement le déroulement du scrutin dans l'ouest du pays. Une région qui a connu les pires tragédies lors de la crise post-électorale.

Selon une source gouvernementale, les forces de sécurité ivoiriennes devraient rester discrètes ce dimanche, mais on devrait voir quelques patrouilles de militaires. En revanche, les forces de l’Onuci ont déployé des véhicules blindés sur les principaux axes stratégiques d'Abidjan dès vendredi. Le même jour, l'Onuci a informé les représentants des 3 000 observateurs nationaux et des 150 observateurs internationaux, sur la conduite à tenir en cas de scrutin perturbé par des violences.

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