Ethiopie : le journalisme en question au procès des deux reporters suédois

En Ethiopie, le procès des deux journalistes suédois accusés de terrorisme s'est poursuivi mercredi 7 décembre à Addis-Abeba. C'était la cinquième audience, étalée sur plus de deux mois. Martin Schibbye et Johan Persson sont détenus depuis fin juin. Ils avaient été arrêtés en Ogaden, une zone interdite aux journalistes, en compagnie de membre de l'ONLF, le Front national de libération de l'Ogaden. Les deux Suédois venaient tout juste de traverser illégalement la frontière éthiopienne depuis la Somalie. Hier, les deux derniers témoins de la défense ont pris la parole : un journaliste britannique, Adrian Blonfield, correspondant à Jérusalem du Daily Telegraph. Et un Américain, Philip Itner de Voice of America. Tous deux devaient partager leur expérience de journalistes en zones de conflit. Et c'est bien le procès du journalisme qui a eu lieu hier.

Avec notre correspondante à Addis-Abeba,

Jusqu'où un journaliste doit-il aller pour obtenir une information ? C'est la question cruciale qui a alimenté les débats. Est-il éthique d'interviewer des groupes terroristes ? Et jusqu'où doivent aller les relations entretenues avec eux ?

Pour le Britannique Adrian Blonfield, l'éthique des journaliste impose une totale impartialité. Rencontrer ou voyager avec des terroristes ne signifie pas les soutenir. « Si vous prenez partie dans un conflit, vous perdez immédiatement toute crédibilité en tant que journaliste », a-t-il conclu.

Quant à la légitimité d'entrer dans un pays illégalement, le journaliste a été clair : « Dans la mesure du possible, il faut tout faire pour suivre la loi. Mais quand certains pays vous l'empêchent alors il n'y a pas d'autre solution que la clandestinité. »

Pour le procureur Biranhu Yilma, cela s'applique aux zones de conflit, mais « l'Ethiopie est un pays en paix, avec des lois et le respect des règles internationales », a-t-il opposé. Ce à quoi le Britannique a répondu : « Quand je suis allé en Tchétchénie, j'ai dû entrer illégalement sur le territoire avec des rebelles. J'y ai vu des affrontements violents et pourtant selon le gouvernement russe, le pays était en paix. »

En Ogaden, l'ONLF se considère en guerre mais le gouvernement éthiopien préfère l'ignorer.

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