Avec notre envoyé spécial à Matadi,
Jusqu'à présent Joseph Kabila ignorait ses adversaires. Maintenant, il les attaque. Ce jeudi 24 novembre 2011, lors d'un meeting dans la ville portuaire de Matadi, dans le Bas-Congo, il s'est présenté comme le président de la reconstruction et a eu ces mots : « Demander des comptes à ceux qui ont détruit ce pays depuis 40 ans » Sans doute visait-il deux de ses principaux adversaires, les anciens Premiers ministres, Etienne Tshisekedi (*) et Léon Kendo Wa Dondo (**).
Réplique hier soir d'Albert Moleka, le porte-parole d'Etienne Tshisekedi : le peuple congolais se souvient des tueries et des massacres commis sur son sol en 1996 avec l'entrée au Congo d'une certaine AFDL [Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo, NDLR], sous-entendu avec l'entrée de Laurent-Désiré Kabila et de son fils Joseph.
En cette fin de campagne, le ton monte également sur l'après-élection. Au cours du même meeting, Joseph Kabila a ironisé sur les candidats qui prédisent la violence et le chaos au lendemain du 28 novembre : « Rassurez-vous, a-t-il déclaré, il n'y aura rien de tout cela ! »
Ce vendredi après-midi, dans la même cité portuaire du Bas-Congo, on attend la réaction d'Etienne Tshisekedi, qui tiendra sur place l'un de ses derniers rassemblements. Son camp a déjà une réponse : « La meilleure façon d'empêcher les violences postélectorales, c'est de ne pas frauder ! »
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(*) Etienne Tshisekedi a été ministre de l'Intérieur en 1965, Premier ministre du président Mobutu (29 septembre-1er novembre 1991), puis désigné par le forum national en 1992 jusqu'en février 1993 et enfin du 2 au 9 avril 1997 avant la prise du pouvoir de Laurent-Désiré Kabila.
(**) Léon Kengo Wa Dondo a occupé plusieurs fois des fonctions de Premier ministre sous Mobutu Sese Seko : de 1982 à 1986 et de 1988 à 1990, puis en 1994. Il dirige un cabinet de crise en décembre 1996 à mars 1997.